OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Agrément contre tout anarnaute? http://owni.fr/2010/04/20/acta-agrement-contre-tout-anarnaute/ http://owni.fr/2010/04/20/acta-agrement-contre-tout-anarnaute/#comments Tue, 20 Apr 2010 13:39:55 +0000 Stéphane Favereaux http://owni.fr/?p=13917 Les nombreuses tables rondes et négociations concernant l’ACTA (Anti-Counterfeiting Trade Agreement), se sont menées dans la plus absolue paranoïa, synonyme délicat de discrétion dans le cadre de négociations commerciales aux intérêts majeurs.

L’Australie, le Canada, les Etats-Unis, l’Union européenne (UE), le Japon, la Corée, le Mexique, le Maroc, la Nouvelle-Zélande, Singapour et la Suisse s’entendent entre décideurs pour décider de ce qui pourra ou non être diffusé pour ne pas contrecarrer leur liberté de détruire celle des internautes.

Ce traité, dont il convient de rappeler qu’il lutte contre la contrefaçon et « défend » la propriété intellectuelle, semble ne pas tellement intéresser les médias qui ne sont pas étendus sur le sujet. Ni marronnier, ni sexy, ni people, et Hadopi a dû gonfler une partie de l’opinion publique dans des débats insondables de médiocrité télévisuelle, de fait, on ne prend plus le risque de perdre quelques points d’audience à 20h et on parle des frasques sexuelles d’une équipe de foot libidinale.

Tout le monde s’en fout. Pas du foot, mais de ACTA.

Panem et circenses est tout de même plus pertinent que défense des libertés numériques et respect du droit d’auteur, de la propriété intellectuelle. La foule gavée à TF1 n’en a cure. De fait, aucune communication officielle. Quelques fuites reprises par la presse internationale, les blogueurs qui constatent que Hadopi va grossir et voir son champ d’application s’internationaliser, des douaniers qui n’en peuvent plus des pouvoirs accrus qu’ils auront… mais pourquoi faudrait-il en informer la population non spécialisée ? Est-ce bien leur problème et leur préoccupation majeure ? Ces infos parcellaires amènent alors de fait à des perceptions parcellaires, mais les implications sont socialement éthiquement, politiquement, philosophiquement, numériquement et j’en passe, immenses.

La coercition à l’œuvre dans ce traité s’inscrit dans un retour à l’internationale de la surveillance, de la mise sous coupe réglée des libertés. Le renforcement du contrôle de la propriété intellectuelle, des marques, des brevets, ne peut guère laisser une libre place aux échanges, à la mise en commun des ressources du Net, à la critique, à la libre circulation d’une informations ou encore et surtout à la créativité. Cette surprotection portera un coup sûrement conséquent aux libertés individuelles. Protéger plus encore les brevets de l’industrie pharmaceutique sera à n’en pas douter un facteur de développement économique pour ces entreprises.

Quant aux pays aux forts besoins en médicaments…. Ils sont où déjà ? au Sud ? C’est sympa pour les vacances, le Sud. Pas pour le business. On ne va pas commercer avec le Sud. Faut pas déconner ! Quoique la main d’œuvre y est fort peu chère !

Nous sommes l’objet de trois ans de rencontres quasiment classées secret défense. Le règne du commerce ultra-libéral et ultra protecteur de ses droits s’annonce. Les terres vastes du Sud prêteront une fière main-d’œuvre. C’est un choix de civilisation après tout. Liberticide à souhait.

Les considérations humaines, le maintien de nos libertés ne sont plus prioritaires. Les intérêts à court terme valent plus qu’un développement à long terme. Et surveiller le web et ce qui s’y échange en termes d’informations, c’est avoir la mainmise sur l’information.

La dématérialisation des flux nuit au fric, on le voit avec Hadopi, nuit aux intérêts d’une nécessité de diffuser des produits au vide sidérant mais dont on donne l’impression à la population qu’ils sont pertinents. Le reste, ils n’y ont pas accès, black-out !

De fait, ACTA doit-il être vu comme un traité d’accords commerciaux qui ne s’avouent pas ? Les grands producteurs, les grands diffuseurs et autres éditeurs phonographiques, musicaux, ciné, aiment ACTA, passionnément. C’est leur leitmotiv de vouloir protéger leurs intérêts. Pour abreuver de grandes productions les foules en délire et parfois abêties, il faut protéger les moyens de distribution et les droits des producteurs, le droit d’auteur mis en avant est un leurre.

Il en va de même concernant la pharmacie, la mode, etc… aux grands maux de la démocratisation des flux les grands remèdes de la criminalisation. Le dispositif arlésienne / usine à gaz de l’Hadopi n’aura-t-il été qu’un arbre transgénique qui cache une forêt protégée par les droits de douane ?

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Des étudiants face à la presse http://owni.fr/2010/04/15/des-etudiants-face-a-la-presse/ http://owni.fr/2010/04/15/des-etudiants-face-a-la-presse/#comments Thu, 15 Apr 2010 10:16:34 +0000 Stéphane Favereaux http://owni.fr/?p=12379 Un sondage réalisé auprès de 150 étudiants en communication permet de se faire une idée de leurs habitudes de lecture de la presse. Et d’en tirer une analyse et des conclusions utiles pour l’avenir …

Quand la question se pose d’analyser les comportements de lecture de la presse par les étudiants, on se retrouve souvent confronté à une série de lieux communs tendant à faire penser que la presse écrite souffre chez eux d’une totale désaffection. Un questionnaire adressé à des étudiants en communication âgés de 18 à 25 ans (Paris et province) tend à remettre en cause certaines idées reçues.

La presse traditionnelle, papier, souffre à leurs yeux de faiblesses structurelles. La montée en puissance de la presse magazine porte clairement atteinte à la PQN mais surtout à la PQR. Internet et l’avènement des gratuits mettent en général le coup de grâce à ces médias « old-fashion ».

État des lieux :

Tout d’abord, il convient de remarquer que la vente par tiers ou la mise à disposition est légion dans nombre de grandes écoles. Les titres représentés sont majoritairement Le Monde, Les Echos et Le Figaro, compte non tenu d’un ou deux titres gratuits. Il est donc normal que ces trois titres soient parmi les plus lus.

Cependant, la presse régionale est majoritairement laissée de côté. Ouest France, La NR et l’ensemble des autres titres régionaux y compris Le Parisien sont en perte de lectorat et ne sont lus que par 10,4 % des sondés. Serait-elle trop vieillissante, trop peu adaptée à la cible en dépit de ses nouveaux formats, de son nouveau traitement de l’info ? En format papier, elle n’est que fort peu lue face à la presse quotidienne nationale qui l’est par 57,1 % des étudiants.

La presse magazine, parfois people, parfois professionnelle, parfois économique, se lit à proportion égale de la presse gratuite. Le traitement de l’information et la gratuité des 20 minutes, Métro, Direct Soir emporte l’adhésion de la cible parfois au faible pouvoir d’achat et voulant avoir accès à des « brèves » (pour ce qui concerne les gratuits) ; le temps de la réflexion en synthèse hebdomadaire se pose avec la presse magazine. Deux usages de lecture différents pour des appréhensions contextuelles convergentes.

Cependant, la donnée économique est contrebalancée par les magazines, plus chers certes mais plus denses en informations et au contexte de consommation très différent. Si les étudiants en communication la privilégient, c’est avant tout pour avoir accès aux news de leur secteur professionnel, ou se détendre, reconnaissent-ils, avec l’info « sans intérêt » de la presse people. La détente s’avère donc essentielle lorsque cette même cible sondée met en avant la presse féminine ou masculine en privilégiant les titres récemment apparus sur le marché (Grazia, Be, GQ) ou la presse people, s’accordant ainsi aux plus gros lectorats de la presse écrite (Public, Closer…).

Toutes les personnes sondées lisent au moins un titre par semaine. Tout n’est pas perdu ! En revanche, la fréquence de lecture pose beaucoup plus de question : 39 % des étudiants, 39 % seulement… lisent la presse tous les jours… manque de temps ? d’argent ? d’envie ? 51,9 % la lise 2 à 3 fois par semaine et 11,7 % occasionnellement. Il reste des clients à conquérir… mais peut-être faudra-t-il à la presse écrite s’adapter à ces cibles zappant d’un support à l’autre avec autant d’aisance que d’un JT à l’autre !

Dans le même ordre d’idée, le nombre de supports de presse lus varie peu : seuls 23,7 % des étudiants lisent plus de quatre journaux ou magazines quand 17,1 % n’en lisent qu’un par semaine. Ces chiffres pourraient révéler des réalités disparates : manque de diversité dans le traitement de l’actu ? manque de connaissance des positionnements sociaux ou politiques des journaux ? L’info serait-elle finalement plus consommée que lue ? La réponse tient aussi en ceci que, encore une fois, la vente par tiers dans les écoles, les universités, « orientent » les choix de titres lus. Il faut aussi envisager le fait que, pour les plus jeunes des sondés, le modèle de la presse traditionnelle reste peu valorisant, nous allons y venir.

Quels titres « papier » sont lus ?

On pourrait s’attendre à ce que seule la presse gratuite soit lue, mais la réalité est en fait tout autre. Fort heureusement pour la PQN. Les titres les plus lus (la question était ouverte pour ne pas orienter les choix) sont finalement en accord avec les tirages nationaux : Le Figaro, Le Monde pour les payants. 20 minutes et Métro pour la PG. Derrière ces « têtes de gondole » de l’information suivent Libération et Les Echos. Des titres au final assez généralistes. En revanche, la presse satirique ne semble guère trouver grâce aux yeux estudiantins : Le Canard enchaîné, Charlie Hebdo sont très peu cités. Quant à Siné Hebdo, qui disparaîtra des kiosques le 28 avril prochain, nul étudiant ne le cite. Aucun titre de PQR n’apparaît dans les 10 premiers choix des sondés.

La presse magazine est essentiellement représentée par les News : L’Express arrive en tête, suivi du Point et de Capital, Stratégies ou encore L’Expansion. Les magazines mode ou people sont évidemment très largement représentés sur un cible très consommatrice de loisirs.

Info en ligne :

Les comportements des étudiants sondés face à la presse en ligne sont également révélateurs d’un confort de lecture et de l’apparition des nouveaux supports dans leur espace d’information.

Les sites les plus consultés sont identiques aux supports traditionnels : ils savent quelle info ils vont y trouver. lemonde.fr et lefigaro.fr se disputent le nombre de pages vues bien que lemonde.fr domine largement (6 fois plus de connexions sur ce site que sur lefigaro.fr). Suivent en ordre : lequipe.fr, tempsreel.nouvelobs.com, 20minutes.fr, leparisien.fr (privilégié en ligne plutôt que sur papier).

En revanche, Rue 89 se place juste après lemonde.fr et juste avant…. Google Reader et Google Actu considérés par nombre d’étudiants comme un support d’information à part entière !

De fait, il apparait que cette cible sondée d’étudiants en communication associent leur sélection de médias à une time-line considérée comme un support d’information à part entière. Le web permet de se fabriquer son propre média. Le double suivi des sites d’information et de Google donne de l’info une potentielle double lecture : l’article en développé et le mode « brève » suffisant en consultation ponctuelle. Se faire son propre média semble pour 10 % des sondés une évolution majeure dans la consultation de l’actu on-line.

Cependant, sur Facebook, ces étudiants sont très peu adeptes de groupes de « fan » des supports de presse écrite ou on-line. Seuls 7,9 % d’entre-eux appartiennent à ces groupes revendiquant un suivi de tel ou tel titre. En dehors d’Owni cité par quelques étudiants, ce sont essentiellement des titres féminins (Grazia, Be) qui sont suivis. Les sites d’info (Le Figaro, Libé) sont très peu suivis. On tend à suivre sur FB les sites spécifiquement web : Owni, donc, ou minutebuzz … entre autres.

La presse papier et leurs déclinaisons web n’ont-ils pas encore réussi à séduire les 18 / 25 ans ? Il faut dire que le print pilote encore le web ! Pour ce qui concerne les étudiants interrogés, les titres identitaires sont très lus. CB news ou Stratégies, Capital ou Management emportent en général l’adhésion. Les titres affinitaires (mode, style, design, télé, etc.) le sont au moins autant voire plus, suivant les répondant. Un quart des étudiants ayant répondu à cette étude lisent tout autant la presse identitaire que l’affinitaire. La presse magazine confirme donc son embellie, d’autant plus avec le taux de reprise en main.

Presse écrite : les constats

Depuis la fin des années 1960, les quotidiens régionaux français subissent une érosion progressive mais continue de leur lectorat. La « crise » subie par la PQR se manifeste aussi par un vieillissement et une grande difficulté de renouvellement des lecteurs. Si en 2006, 26,8% des 15-34 ans lisaient un quotidien régional, (Lecteurs numéro moyen 2006. TNS Sofres, EPIQ – Etude de la presse d’information quotidienne, Audience 2006), les chiffres semblent à la baisse sur cette catégorie d’étudiants, nous l’avons vu.

L’état de grâce de la presse régionale semble pour cette cible de jeunes lecteurs définitivement passée. Outre le fait que 20 % ne reprochent strictement rien à la presse écrite, le concert des voix concordantes se fait entendre sur nombre de points parfois curieux mais très révélateurs de ce que les chiffres précédents révélaient.

Il est reproché à la presse écrite d’être trop partiale. Le parti-pris lui est souvent opposé alors que serait préférée l’impartialité. Cependant, les titres les plus lus, Le Monde et Le Figaro sont très clairement politisés. Cela tend à montrer que les étudiants souhaitent un traitement écrit de l’info différent de l’info vue à la télé, voire un traitement complémentaire. Cette complémentarité des supports paraît de plus en plus concrète.

Les articles sont parfois trop longs, évoquent-ils aussi, ce qui est confirmé par le fait que, parmi eux, 10 % se fabriquent leur média avec Google Reader où le format « brève » leur convient et l’accès à une info multi-canal leur permet, au final, de se faire leur point de vue. Pour aller dans le même sens, les étudiants interrogés trouvent la presse écrite ennuyeuse, manquant d’interaction (logique !), et surtout… on trouve cette presse trop formatée !

Parmi les autres reproches, le coût de la presse écrite est très majoritairement évoqué. L’augmentation constante du prix du papier contribue aussi à faire perdre des lecteurs à cette presse traditionnelle au profit de la lecture de l’info sur écran. Et enfin, reproche fréquent dans l’ensemble de la population mais cette fois mis en exergue par des étudiants en communication : la presse écrite contient trop de pub !

Presse on-line : Pourquoi ?

On sait cette génération hyper-connectée, cependant, cette hyper-connexion doit être relativisée. La consommation d’info sur papier reste très usuelle pour les magazines et les gratuits et grâce aux vente par tiers.

Tout d’abord, première évidence, la presse on-line est gratuite, essentiellement, en dehors des archives, et facile d’accès notamment via les applications I-Phone, ce qui emporte largement l’adhésion auprès de la cible du sondage. Mais ce qui trouve grâce à leurs yeux tient à l’actualisation en temps réel de l’actualité et au support vidéo.

La culture de l’image ne se dénie donc pas. Elle devient un support d’information essentiel. Dans la mesure où la lecture de l’image est pertinente… La possibilité d’interagir avec les autres internautes est aussi un point majeur relevé ; l’avis citoyen doit être donné, visiblement. D’autres privilégient le fait de rester en contact constant avec l’actu en axant la consultation des flux d’infos sur leur mobile : alertes SMS, applications I-Phone ou lecture des newsletters favorisent l’accès à l’info de n’importe où. Il leur faut donc une actu réactive, actualisée et non pas simplement une info.

Une génération hyper-connectée ne se contente pas de lire le journal. Elle veut que l’actualité vive, parfois aux dépens du temps d’analyse que peut se permettre la presse écrite ou les dossiers on-line… Mais cette actualisation en temps réel de la société dans laquelle ils vivent montre un réel intérêt pour la res-publica au sens noble de la chose. La chose publique ne les désintéresse pas, bien loin s’en faut. Contrairement à ce que les idées reçues pouvaient, dans le bon (mauvais ?) sens populaire, parfois laisser entendre.

Enfin, les consciences citoyennes ne sont pas oubliées… Nombre d’étudiants reconnaissent que la dématérialisation est essentielle, tout comme l’aspect écologique de cette presse on-line. Loin d’être anecdotique, cette dominante verte semble prendre un poids de plus en plus important dans leurs choix de consommation de l’info. La période des abonnements à plusieurs titres papier semble de plus en plus révolue. La presse on-line a également ceci d’avantageux qu’elle suppose la suppression des transports, qu’elle ne soulève plus la question du traitement des déchets, qu’elle permet des économies d’eau et d’énergie, etc.

Si la consommation de presse écrite est loin d’être démentie, ces chiffres sont donc à relativiser en fonction des vente par tiers dans les écoles mettant à dispositions des étudiants des titres « chers » qui peut-être ne seraient pas consommés sans cela. De plus, il est constaté que la cible tend à se fabriquer sa propre ligne d’actualité, son propre média en zappant d’une newsletter à l’autre, d’un flux RSS à l’autre ou via Google Reader, ce qui tend à montrer, une fois encore que le modèle économique de la presse on-line n’est pas encore trouvé, que la monétisation de l’info n’est pas encore gagné si l’on veut que les plus jeunes lecteurs ne s’excluent pas de la presse.

De plus, la nature du contrat de lecture semble elle aussi évoluer. Il ne se construit plus entre le lecteur et son journal en tant que support physique. La tradition n’est plus. Le journal doit en revanche trouver les moyens de fidéliser son lecteur, tant en terme d’émission que de réception de l’info, des commentaires. Chacun des internautes doit pouvoir se projeter dans son information, celle qu’il s’est fabriquée. L’information devient communautaire puisqu’elle se consulte et se diffuse dans les réseaux via Facebook ou Twitter. L’information, la presse, se doit de devenir un mélange d’info, d’événements, d’imprévisible et de prévisible. Dans la time-line informationnelle que se fabriquent nombre d’étudiants, le choix des RSS se portent assez naturellement vers ce avec quoi ils sont en affinité. Ce qui délimite là encore le champ de consultation naturelle de l’information. Ce qui cadre aussi avec leur recherche d’objectivité « subjective ». Plus d’objectivité dans le traitement de l’info leur ouvrirait probablement davantage de titres. Le contrat de lecture tient donc en ceci qu’on se fabrique le média qui doit nous surprendre en nous confortant.

Cependant, les nouveaux médias, Owni, Rue89, entre autres, semblent toujours plus tirer leur épingle du jeu en proposant un nouveau traitement de l’info, plus en accord avec la volonté de ces cibles cherchant une info précise, ciblée, actualisée et commentée, réactive.

Enfin, ces cibles étudiantes sont à la recherche d’une info rich-média. La mise en récit d’une info qui s’oriente vers le story-telling trouve grâce à leurs yeux, tout comme la mise en récit de l’image. La narration de l’information leur convient plus que la simple factualisation ou la description explicative.

Cela implique que texte, images (illustrative ou démonstrative), vidéo et contenus sonores soient envisagés globalement. Les registres classiques image et texte n’ont plus voix au chapitre sous leur forme traditionnelle. On focalise l’attention sur un détail, sur différents niveaux de lecture(s) interagissant, on personnalise toujours plus l’information. Elle devient donc de plus en plus émotionnelle et interactive. L’empathie entre le média et le lecteur doit être visible, et l’expérience doit être durable entre le lecteur et le support lu ou consulté.

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> Article initialement publié sur Com’Des Mots

> (Sondage on-line réalisé du 19 au 30 mars 2010 sur 150 étudiants en école de communication, de 18 à 25 ans, Paris et Province.)

> Illustrations: Flickr CC : Ol.v!er [H2vPk], HapH , somebaudy& Screenshots : lemonde.fr, rue89 (12 avril 2010)

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Prométhée ou le cyberprof ? http://owni.fr/2010/03/24/promethee-ou-le-cyberprof/ http://owni.fr/2010/03/24/promethee-ou-le-cyberprof/#comments Wed, 24 Mar 2010 17:25:24 +0000 Stéphane Favereaux http://owni.fr/?p=10760 4322950834_2d6ca225fb

Autre temps, autres mœurs

Si une très grande majorité des établissements scolaires et d’enseignement privé sont connectés au Net, il n’en reste pas moins vrai que la puissance de l’outil que l’on met entre les mains des élèves reste phénoménale par rapport aux capacités d’appréhension de l’information, de la gestion des flux et du recul critique nécessaire qu’il faut avoir quand on a la « tête dans le flux » (@sabineblanc, @LeGuillaume) !

Tout étudiant normalement constitué est, d’un point de vue générationnel, web-addict ; mais cette réalité dissimule des états de fait forts différents. Hormis l’anecdote d’étudiants en permanence connectés à Facebook en cours quand le wifi local le permet, il est patent que l’enseignement doit permettre à ses ouailles d’avoir accès à un vrai recul critique. Pour ce faire, il est préférable d’envisager un enseignement privilégiant l’accès à une culture plurivalente, multiaxiale et multi-médiatique plutôt qu’à des digests appris et bredouillés vaguement devant un jury.

Et se pose la question d’« apprendre par cœur » sur laquelle sans être catégorique, nombre de questions se posent.  Cet apprentissage séculaire reste pour certains une nécessité sans laquelle rien ne peut avoir lieu. Toutefois, modérer cet apprentissage « par cœur » serait pertinent alors que l’appréhension du savoir varie à l’envi ces dernières années.

Accéder au savoir… développer la curiosité… vaste utopie quand on appréhende l’aspect strictement consumériste de certaines classes.  L’imaginaire de l’éducation a tellement fabriqué le prof « parole d’évangile et image d’Épinal » qu’il existe une relative schizophrénie estudiantine oscillant entre l’enseignant et le Net, entre Docteur Prof et Mister Web.

La remise en cause de la parole des profs devient légion. Le recul que les étudiants, les profs, doivent prendre face à l’info, au flux, n’est que trop rarement abordé pour qu’il devienne absolument pertinent. Il faudrait pourtant systématiser cette approche du savoir via le Net pour développer  justement l’appréhension des flux, la prise de distance face à la parole donnée par le prof ou par le Net.

Quand l’enseignant face à une classe connectée donne une thématique de cours, apprenants (sémantique éducation nationale), élèves ou simplement humains présents dans une classe, foncent sur le cyberprof Google et cherchent en prenant les quelques premiers liens de la recherche comme un nouvel évangile consommé d’un savoir trouvé donc appréhendé.

Docteur Prof et Mister Web ?

Little Penguin is watching you

Little Penguin is watching you

Comment gérer en amont un cours où une majorité d’élève s’arrogent le droit de ne plus prêter attention au message transmis par le prof bénéficiant de son propre recul, de sa propre expérience sur la question abordée ? Comment appréhender un cours où le timing est faussé par avance ? Comment faire comprendre à des étudiants pour lesquels il faut aller vite et zapper sur un autre sujet, la nécessité de la patience dans les apprentissages ? Comment faire en sorte de maintenir l’attention des élèves quand au bout de quelques minutes toute la classe est au fait de l’ensemble du cours parce le nouvel évangile du savoir Google a donné les réponses ?

Ces questions soulèvent la question essentielle de l’appréhension de tout un stock d’informations que la prise de recul critique sait mettre en perspective. Les étudiants peuvent l’appréhender, à l’évidence, mais sans forcément avoir en eux les armes permettant de démêler les écheveaux de sens que le flux leur donne.

La contextualisation de l’information, du savoir est absolument nécessaire, mais elle n’est pas toujours acceptée, comprise, désirée. Elle devient inutile. Sur un thème donné, des réponses Wikipédia, ou de quelque autre source, suffisent en général aux étudiants les plus consommateurs.

Pourtant, les outils à notre disposition : Reader, Twitter, les Wiki, les forums d’étudiants déversant des cours ou des devoirs clé en main, ou d’autres encore, imposent à ceux qui les utilisent un devoir quasi journalistique systématique. Vérifier l’info, la confirmer, l’infirmer par des sources divergentes, convergentes, permettant de donner à l’info une validité réelle s’avère toujours plus nécessaire.

Or, quand les profs n’apprennent pas aux élèves, aux étudiants, à faire ne serait-ce qu’une recherche sur Google… il n’est en rien étonnant de les voir cliquer sur le premier lien ou le second et les considérer comme LA réponse à leur recherche. Ils sont les victimes de cet état de fait plus qu’ils n’en sont les coupables.

On ne leur a pas toujours appris à devenir curieux. Ô tempora, Ô mores.

L’info à la portée d’un ou deux clic, c’est une potentielle désinformation devenant vérité ; c’est donner au potentiel le poids d’un absolu.

Google, le nouveau Prométhée ?

Connecté ou pas, mac ou PC, un prof reste un prof

Connecté ou pas, mac ou PC, un prof reste un prof

Prométhée s’incarne dans la mythologie du 2.0… mais nul foie rongé en l’occurrence.  Juste des étudiants parfois perdus, des scolaires souvent plantés devant des écrans sans réel apprentissage… Le prof 2.0 que devient le Net avec toute la permissivité créatrice de l’outil devrait leur donner accès non pas au savoir mais aux savoirs… devrait leur permettre d’étendre leurs connaissances de façon exponentielle… Mais face à la génération Z hyper connectée et zappeuse au possible, la prise en compte de la réactivité du web n’est pas encore tout à fait au goût du jour.

Le zapping télévisé donne le « la » de ce zapping étudiant. Le prof se voit obligé de “teaser”, d’adapter des stratégies d’intrigue face au savoir. Le storytelling devient une manière de faire son cours. On sort les élèves de leurs écrans, on réintègre des savoirs dans  l’anecdote, on contextualise en douceur, on apporte des réponses à des questions qu’ils ne se posent pas, et on avance.

On « wiki-ise » le cours, on passe ensuite en phase de reveal pour arriver à reconnecter toutes les informations données dans un contexte qu’ils peuvent appréhender : le leur.

La transversalité créative chère à Morin impose aussi que les enseignements soient transversaux, d’une matière à l’autre, mais aussi et surtout de la matière purement scolaire à la société dans laquelle nous vivons. Mais celle-ci, accompagnée de son flux d’info, va tellement vite, ne prend tellement plus le temps de poser la réflexion, que les étudiants forts de savoirs parcellaires ne peuvent plus appréhender tout ce qui les entourent. Penser en ligne droite d’un point A à un point B est devenu légitime. Penser en ayant en tête une arborescence impliquant tous les tenants et aboutissants d’un fait historique, littéraire, sociologique, psychologique, d’actualité, devient toujours plus délicat. C’est pourtant absolument nécessaire.

Un cours sous Net-influence se transforme toujours plus en un échange entre prof et prof 2.0, entre le savoir et l’information. Dans l’enseignement, la responsabilité sociale, citoyenne, est phénoménale. Donner aux générations de zappeurs des outils d’appréhension sociale, citoyenne, politique, culturelle, se révèle toujours plus essentiel quand le zapping et le formatage se permettent de jouer avec la réflexion.

La mise en perspective de l’enseignement se confronte donc toujours plus à la mise en abîme du savoir disponible sur le Net. Ce qui devait être un avantage phénoménal pour les enseignants devient souvent  inconvénient majeur. Entre savoir et maîtriser les savoirs et ce qu’ils impliquent, un fossé se creuse. La nécessité d’apprendre se confronte de plus en plus souvent à cette réflexion: « apprendre n’est guère utile puisque nous sommes toujours connecté au Net, de fait nous avons un accès au savoir constant ». Accéder au savoir semble devenir une preuve de savoir. Le web serait-il une forme de mémoire 2.0 ? Une culture générale potentielle et disponible serait-elle suffisante ? Le temps de cerveaux disponibles en cours se réduisant toujours plus, devrait-on penser en termes de cerveaux potentiels ?

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Une journée de la laïcité ? http://owni.fr/2010/03/19/une-journee-de-la-laicite/ http://owni.fr/2010/03/19/une-journee-de-la-laicite/#comments Fri, 19 Mar 2010 10:02:27 +0000 Stéphane Favereaux http://owni.fr/?p=10249 Le 24 février 2010, Jacques Myard, député, déposait à l’Assemblée Nationale un projet de loi pour ne pas oublier que nous vivons dans un état laïc depuis que la loi de 1905 a été votée.

Le principe de la laïcité doit rester un des acquis fondamentaux de la République. Depuis que la loi du 9 décembre 1905 instaurant la séparation de l’Église et de l’État est inscrite dans les valeurs de la République, les tensions politico- religieuses qui caractérisaient  la société française depuis la Révolution s’étaient progressivement apaisé. Les sphères politiques et religieuses se séparaient clairement.

Bonjour, tu aimes la laïcité

Bonjour, tu aimes la laïcité ?

La laïcité devenue constitutionnelle depuis 1946, rappelée en 1958 dans le préambule de la Constitution du 4 octobre, n’est pas une simple déclaration de principe dont on peut faire ce que l’on veut en fonction des vents politiques, sociaux, sociétaux, religieux et des faits d’actualité.

Il peut paraître étonnant de voir apparaître sur l’Owni un article sur la laïcité, pourtant le fait religieux évolue depuis plusieurs années, et il évolue au-delà les faits de censure, de désinformation au nom de principe religieux, sur le Net comme dans la société.  Les groupes religieux n’hésitent plus à faire pressions sur les enseignants, sur les blogueurs, les médias…

Pourtant, cette loi de 1905 constitue un socle fondamental du pacte républicain. Elle reste garante d’une véritable paix civile, sociale, loin de toute forme de querelle religieuse dont l’histoire de France est émaillée. Les attaques systématiques, systémiques, contre cette loi sont aujourd’hui de plus en plus fréquentes.

L’éducation en est en partie responsable. Le civisme dont tous les médias tirent des conclusions hâtives n’est plus prioritaire, l’éducation fait de plus en plus défaut dans les dernières décisions ministérielles qui concernent l’Histoire. Sans Histoire, comment un élève, quel que soit son niveau, peut-il se situer dans sa propre histoire ?

Sans un accès au savoir et sans le développement nécessaire de la curiosité sur le fait social et sa compréhension, nulle possibilité de développer une volonté d’implication sociale, nulle possibilité de mobiliser pour défendre des valeurs républicaines, sociales. De fait, cette journée de la laïcité s’inscrit dans cette volonté de ne pas oublier que les services publics, que l’État au-delà, la société en général, se doit d’être neutre quant au fait religieux qui demeure à ce jour méconnu des jeunes générations. S’il l’est, il est souvent caricatural.

Les jeunes caricaturent souvent le fait religieux

Les jeunes caricaturent souvent le fait religieux

En mettant en avant le principe de neutralité religieuse, de liberté individuelle, le législateur est régulièrement intervenu pour rappeler et réaffirmer le principe de laïcité. La loi du 15 mars 2004 encadrant le port de signes ou de tenues manifestant une appartenance religieuse dans tous les espaces publics revient donc sur cette loi de 1905. Le récent « débat » sur le port de la burqa nous rappelle également à une vigilance sur ce thème.

Cependant, le comportement de certains groupes religieux, quelle que soit la religion, dont les motivations sont très clairement politiques, vise à imposer par des pressions sur les élus des lois sapant ce principe constitutionnel fondamental. Une partie des dirigeants politiques eux-mêmes semble prête à remettre en cause le principe de laïcité.  Les pouvoirs publics doivent pourtant impérativement le faire respecter dans la sphère publique.

Le retour des expériences rappelle donc que l’éducation est essentielle : « Toute génération nouvelle est un peuple nouveau » dit Toqueville. Il est nécessaire de rappeler ces principes, de rappeler le fait historique, religieux, de telle manière que la perception sociale ne soit pas faussée par les discours factuels que l’on peut trouver dans les médias, à la vision essentiellement parcellaire voire spectaculaire fondée d’abord sur une actualité immédiate souvent mal contextualisée et conceptualisée.

La défense de toutes nos libertés, qu’il s’agisse de la liberté d’information, de la liberté d’expression, des libertés sur Internet que les dispositifs légaux actuellement en débat mettent à mal, est essentielle. Il convient d’enseigner en permanence aux jeunes générations le cadre laïc républicain et les valeurs corollaires que cela implique : tolérance, ouverture d’esprit, ouverture à l’autre, curiosité, etc.

Une journée de la laïcité peut-être considérée comme vaguement symbolique. Elle est pourtant  parfaitement opportune en ceci qu’elle rappelle à tous les piliers républicains. Que cette journée soit abordée à l’occasion de discussion dans les écoles, collèges et lycées, dans les médias permettra de rappeler que les combats sociaux qui ont abouti avec la loi de 1905 sont d’abord des combats qui ont permis de fonder une société équilibrée.  L’actualité immédiate fragilise ce principe, il faut donc permettre à la société de se souvenir de ces combats et de ses implications.

Toute la société, tous les médias sont concernés.

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PROPOSITION DE LOI

Article 1er

Le 9 décembre de chaque année est déclarée journée nationale de la laïcité.

Article 2

Dans tous les établissements d’enseignement, les enseignants consacrent une partie des cours de la journée à des exposés et à des discussions sur le principe de la laïcité dans la société française.

Article 3

Les services publics radios et audiovisuels traitent dans leurs programmes de laïcité.

> Illustration par Capt. Tim sur Flickr

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Lutter contre la Cyber-Censure http://owni.fr/2010/03/12/lutter-contre-la-cyber-censure/ http://owni.fr/2010/03/12/lutter-contre-la-cyber-censure/#comments Fri, 12 Mar 2010 15:18:56 +0000 Stéphane Favereaux http://owni.fr/?p=9961

Ce vendredi 12 mars met en avant lors de la journée mondiale de lutte contre la cyber-censure, la bataille pour la liberté d’information. Depuis que le Net s’ouvre au monde, les pays les moins démocratiques ou ceux se prétendant démocratiques tendent à renforcer le contrôle sur l’information. Face à ces états censeurs, dictatoriaux ou fut un temps réellement démocratiques, il appert que la capacité de mobilisation des net-citoyens, des anarnautes, des tenants de la Netopie, s’accroît en faisant tomber les frontières des états.

Chaque citoyen soumis à la censure ou que les états veulent faire taire devient un relais d’informations permettant au monde entier d’être mis face aux dérives des régimes autoritaires, il n’est qu’à penser à la Révolution Twitter en Iran… Malheureusement, quelques rares pays, la Corée du Nord, la Birmanie, le Turkménistan voire Cuba coupent totalement l’accès au Web prétextant un manque de moyens techniques et un moindre développement des infrastructures. De fait, nous assistons à une explosion du marché noir des télécommunications, notamment à Cuba, en Chine ou en Corée du Nord…

censure

Le marché de la construction des prisons devrait aussi s’accroître puisque près de 120 blogueurs, internautes, cyberdissidents sont enchristés pour avoir eu la désobligeance de s’exprimer librement.

- Au Maroc, pays ami de la France, le délicieux Mohammed 6, pire encore que son père, mais n’ayant pas encore systématisé la surveillance du Web, maintient en détention un blogueur et un propriétaire de cybercafé pour avoir permis la publication ou publié des propos anti-Mohammed 6, notamment sur la répression d’une manif ayant mal tourné.

- Adnan Hadjizade et Emin Milli, blogueurs Azerbaïdjanais sont sous les verrous pour avoir tourné en dérision les autorités locales et les avoir ridiculisé dans une vidéo sur You Tube.

- Au Yémen, quatre journalistes sont actuellement derrière les barreaux pour des raisons similaires…

Et la liste pourrait être longue encore des exactions commises sous couvert politique. RSF publie donc ce rapport à l’occasion de cette journée de lutte et rallonge également la liste des pays ayant mis le Web sous surveillance : la Turquie et la Russie en font dorénavant partie.

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Si seuls les régimes autoritaires étaient initiateurs de cette surveillance du Web, les pays libres les rejoignent et les moyens de surveillance évoluent. Censure et intimidations, pressions étatiques et légales se démultiplient… 60 pays censurent « officiellement » le web en 2009, soit deux fois plus en qu’en 2008…

Filtrage, fichage, fermeture de blogs, de sites de dissidents, d’opposants aux régimes de ces 60 pays… les moyens techniques se mettent au service de la volonté de faire en sorte que le Web la ferme purement et simplement. Arrestation torture, intimidation des journalistes, des dissidents, des blogueurs, des entourages (notamment au Maroc), des familles…

RSF précise que « Les plus grandes prison du monde pour les net-citoyens sont la Chine, largement en tête avec 72 détenus, suivie du Viêt-nam et de l’Iran, qui ont lancé ces derniers mois des vagues brutales d’arrestation. »

Quand la démocratie censure…

Si l’on évoquait jusqu’alors les dictatures, monarchies absolues et autres régimes staliniens, ceux-ci ne sont pas les seuls à vouloir surveiller le Net. La Corée du Sud tente de mettre un terme à l’anonymat sur la toile, l’Australie est en train de se doter d’un système de filtrage total du Web.

Au niveau supranational, les discussions actuelles menées sous secret défense par 39 états ne vont guère aller dans le sens des anarnautes, des opposants. ACTA destinés à lutter contre la contrefaçon se négocie sans la moindre concertation avec les ONG, sans aucun rapprochement avec les acteurs du Web. La Communauté européenne à beau s’opposer à cette confidentialité par un vote très largement majoritaire, les passions ne s’apaisent pas face à un accord qui pourrait instaurer la surveillance du Web dans 39 pays dont on prétend qu’ils sont démocratiques. Ces mesures liberticides potentielles passeraient par un filtrage du Net sans qu’aucune décision de justice n’ait à être prise.

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Les législations répressives sont de plus en plus systématiques : Jordanie, Irak, Kazakhstan, Australie, Grande-Bretagne, France… cette liste est longue et peut inquiéter… Voir accoler dans une même liste des états totalitaires et des démocraties ne laisse guère planer de doutes quant aux volontés de contrôle que tout état veut sur cet espace de liberté qu’est le Web.

Face à ces volontés sécuritaires, le rapport de RSF précise cependant que « En Finlande, le décret n°732/2009 fait de l’accès à Internet un droit fondamental pour tous les citoyens. En vertu de ce texte, chaque foyer devra bénéficier d’une connexion d’au moins 1 mégabit par seconde au 31 juillet 2010. D’ici 2015, elle devra être d’au moins 100 mégabit par seconde. De son côté, le Parlement islandais examine à l’heure actuelle une proposition de loi ambitieuse, “Icelandic Modern Media Initiative” (IMMI), destinée à protéger les libertés sur Internet, en garantissant la transparence et l’indépendance de l’information. Si elle est adoptée, l’Islande deviendrait un paradis cybernétique pour les blogueurs et les citoyens journalistes »

Les blogueurs s’associent…

Partout sur la planète Web, les associations de blogueurs se développent en cyber-mouvements de lutte, d’échanges de fichiers, de techniques permettant aux iraniens d’utiliser des proxies destinés aux dissidents chinois, etc. Idem dans les 60 pays de la liste RSF… la résistance sur le Web s’organise. Et la résistance, ça marche ! En Russie, le média le plus libre est le Net, en Italie, on n’en est pas loin malgré les tentatives de Berlusconi de faire taire les blogueurs opposants, en France non plus, nous n’en sommes pas très loin ! RSF précise aussi que « L’Arabic Network for Human Rights Information estime à 10 000 le nombre de blogs actifs, en arabe et en anglais, dans le pays. ». Les trônes dictatoriaux se fragiliseront… gageons le.

Cette journée de lutte contre la cyber-censure ne doit en aucun cas être une mobilisation d’une journée, elle doit être un combat de chaque jour où les démocrates, à défaut des démocraties, doivent soutenir les dissidents, les opposants enchristés pour avoir voulu défendre leurs libertés fondamentales, leur liberté d’expression.


Photo par Cayusa (CC-by-nc)

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Hadopi : fabrique de pirates ! http://owni.fr/2010/03/10/hadopi-fabrique-de-pirates/ http://owni.fr/2010/03/10/hadopi-fabrique-de-pirates/#comments Wed, 10 Mar 2010 12:01:37 +0000 Stéphane Favereaux http://owni.fr/?p=9774 hadopi_20090501_017c2a9pierre-meunie

Si dimanche dernier fut un jour sombre avec la publication au JO du dernier décret rendant applicable le dispositif mis en place par la scélérate Hadopi, tout espoir n’est pas perdu…. Ce texte concernant la protection des données personnelles sur lequel la CNIL devait statuer, passe relativement inaperçu dans un flux d’info continue d’élections régionales pitoyables de médiocrité. Mais il fallait bien qu’une bonne nouvelle vînt égayer nos journées de pirates /-)

Et la lecture de la presse pertinente (bien que le Figaro aussi ait fait un article aussi sur le sujet) permet de découvrir  ou plutôt de confirmer que Hadopi fabriquait, au final, du Pirate. J’aime l’odeur du napalm au petit déjeuner…http://www.lefigaro.fr/icones/coeur-.gif

Le moindre pirate, le moindre internaute au fait de l’actu savait cette loi inefficace, mais de la à ce qu’elle soit totalement contreproductive… Pascal Nègre va devoir s’attacher à son siège présidentiel… Ça va valser dans les P2P et les réseaux… Vos espoirs, mon cher Pascal, comme nous le présentions, vont être mis à mal.

L’industrie musicale voulant protéger son pré-carré finit par en faire sauter plus encore les frontières seigneuriales. Une petite étude délicieuse de l’Université de Rennes menée par Sylvain Dejean, Thierry Pénard et Raphaël Suire tend à prouver que depuis l’adoption de Hadopi et maintenant qu’elle est applicable, le nombre de pirates /-) a augmenté de 3 %, et surtout qu’ils mettent en place des techniques de téléchargement contournant la loi Hadopi. En soi, ce n’est pas un scoop mais cette étude de Rennes 1 vient pour la première fois étayer les présupposés de la blogosphère.

Haut les mains, vilain pirate !

Haut les mains, vilain pirate !

Cette loi a mis sur la place publique le fait qu’il était possible techniquement de télécharger en étant pratiquement tranquille ; elle a permis la découverte par nombre de petits pirates de procédés techniquement plus élaborés, de fait, n’entrant pratiquement plus dans le champ d’investigation de l’Autorité qui commence déjà à en perdre.

Loin d’être l’épée de Damoclès 2.0 que les tenants de la Hadopi espéraient, seuls 15 % des téléchargeurs habitués aux P2P ont cessé leurs activités dorénavant illégales… on se tourne vers le streaming illégal et Downloadhelper par exemple, merci illimitux…. Rapidshare ou megaupload ont encore de beaux jours et de beaux pirates devant eux… et donc en nombre croissant.

Hadopi n’a guère voulu tenir compte des avis spécialisés concernant les méthodes alternatives de téléchargement, elle n’a qu’à s’en vouloir à elle-même… Elle joue les ignorantes quand les internautes se refilent les tuyaux pertinents….

Hadopi trépigne devant sa boîte mail en attendant d’envoyer les premiers coups de semonce inopérants… et les Pirates du web continuent d’acheter davantage de supports physiques, de CD ou DVD entre autres puisqu’ils découvrent davantage de perles cinématographiques ou musicales.

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De fait, nous couper l’accès au Net risque de faire baisser les ventes de ces supports voués à moyen ou long terme à disparaître, à tout le moins à voir leur production revue conséquemment à la baisse dans le cadre de la mise en place de plateforme réellement pertinente de téléchargement légal. Bien que sur ce point les doutes sont de plus en plus conséquents…

Les multiples fermetures et réouvertures et aventures de The Pirate Bay n’ont rien changé, les menaces sur les internautes non plus. Hadopi est une loi profondément ignorante, tout comme les lois sécuritaires en général qui veulent mettre le Net sous surveillance. Elle ignore tout de ce qu’est le web, des internautes et des pratiques mises en place pour contourner les lois et autres dispositifs techniques de surveillance.

D’après l’excellent article des Echos, 3 millions d’internautes indélicats avec la loi passeraient à l’acte et à travers les mailles de la Haute Autorité …

Si l’on devait apporter une conclusion temporaire à cette loi, les internautes nouvellement pirates remercient Hadopi. Elle leur a permis de découvrir de nouvelles techniques, de nouvelles plateformes de découvertes culturelles… illégales, selon Hadopi, mais parfaitement utiles au rayonnement et à la diffusion de la culture.

Les industries du disques, les SACD et autres lobbies vont donc encore vaciller sur les trônes qu’ils se sont construits… les plateformes légales, de même, risque de se voir fragilisées puisque bien évidemment, nous l’avons dit, l’illégalité se développe sur un web qu’il serait pertinent d’arrêter de vouloir fliquer systématiquement.

Nous aurons toujours un temps d’avance.

A bon entendeur /-)

> Photograhies originales de Pierre Meunié prises lors la manifestation anti-Hadopi du 1er mai 2009

> Lapin crétin par Arthur40A sur Flickr

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L’internationale hadopienne… http://owni.fr/2010/03/04/l%e2%80%99internationale-hadopienne%e2%80%a6/ http://owni.fr/2010/03/04/l%e2%80%99internationale-hadopienne%e2%80%a6/#comments Thu, 04 Mar 2010 06:57:38 +0000 Stéphane Favereaux http://owni.fr/?p=9384 514221118_cfb9d54f01

Dans un mouvement désormais de plus en plus étendu à l’Europe, de la Suisse à l’Angleterre en passant par la Belgique et la liberticide France, Hadopi n’en finit plus de mettre au monde des rejetons illégitimes visant toujours plus à porter atteintes aux libertés sur le Net. Dernier petit bâtard légaliste en date : la perfide Albion le sera de plus en plus elle qui, dans un mouvement unificateur avec ses voisins européens souhaite filtrer les hotspots…

Le wifi ouvert va vite devoir la fermer… A l’instar du Net en général, si la portée des dispositifs légaux poursuit sa route inexorable, ils lutteront contre la Netopie et l’anarnaute lambda revendiquant ses libertés sur ce réseau mondial, par définition difficilement contrôlable.

Pourtant, à en croire les velléités des législateurs, prendre des prétextes criminels pour légiférer demeure pertinent et nécessaire. Faire taire un espace de libertés, d’expression, où les opinions s’expriment largement apparaît plus que jamais fondamental pour éviter les buzz délétères.

De fait, donc, le Royaume Uni ne s’attaquera pas directement aux Pirates du Web mais plutôt aux abonnés en mettant en place sa version anglaise de la riposte graduée. Ne sachant pas bien où donner de la matraque, les projets de loi préfèrent taper large, tirer dans le tas, au cas où… En balançant des milliers de mails, en coupant de milliers de connexions jour après jour, avec un peu de bol, on finira bien par choper un vilain criminel diffusant deux chansons de Chantal Goya et portant atteinte à la création française, ou anglaise, en l’occurrence.

Le propriétaire de l’accès internet libre, ce fameux hotspot, deviendra donc coupable, lui aussi. Bibliothèques, écoles, universités, entreprises seront donc en première ligne. Il sera coupable de n’avoir pas sécurisé son accès. Mais… le but d’un hotspot libre n’est-il pas justement d’être libre pour permettre aux internautes d’avoir accès au web où que l’on soit ?

Comment réagiront Free et SFR wifi avec leurs propres hotspots, si tant est que la France s’amuse à prendre les mêmes mesures ? Se dénonceront-ils eux-mêmes aux autorités dans une réelle volonté suicidaire de constater que sur leurs Hotspots les téléchargements sont illégaux, et de transmettre à la justice les informations permettant de confondre les pieds nickelés du Web ?  Sécuriseront-ils à outrance ?

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De plus, s’attaquer aux abonnés est tellement facile pour une justice qui nulle part ne se donne les moyens d’agir ! Pas de perquisitions, pas de disques durs à fouiller, pas d’interrogatoires. Présumer quasiment coupable est tellement plus simple. Si on devait mettre en taule tous les téléchargeurs d’au moins un fichier illégal, autant construire tout de suite des murs autour du pays, des villes, on ne sait jamais et planter un drapeau Chinois sur l’Elysée ou sur Buckingham, ce serait plus rapide.

J’ai toujours eu envie de n’être coupable de rien et d’être lourdement condamné au motif qu’il n’y a pas de motif. La justice est tellement logique qu’elle en devient anti-démocratique et anticonstitutionnelle dans les faits ! Belle régression vers un régime merveilleusement libre et émancipant les peuples.

Les flics aux carrefours des proxys, aux ronds-points des torrents, ça vous décore agréablement un paysage d’une nation libre. Autant qu’un nain de jardin… avec la même pertinence décorative et la même présence délicieusement rassurante. Le Tonfa virtuel fera peut-être moins mal que la matraque IRL mais elle fera au moins autant si ce n’est plus de dégâts sur les citoyens surveillés.

Pour revenir sur les terres d’Elizabeth 2, le Department for Business Innovation & Skills, le BIS, se demande si tout organisme d’Etat ou privé laissant libre d’accès son hotspot ne deviendrait pas de fait un FAI… ou s’il doit rester simple abonné. S’il est FAI, il lui faut balancer les IP des connectés à son spot, sinon, une bibliothèque pourra se voir couper l’accès au Net, ce qui est somme toute parfait pour empêcher l’accès à l’information, idem dans une école, une université ou une entreprise.

Sans être parano, tout cela s’assimile aussi à une réelle volonté de mettre sous contrôle les échanges d’infos ou simplement l’accès à l’information. Belle démonstration de potentielle censure par destination de la part des démocraties.

Autre tendance de cette loi : ne créer aucune exemption pour ne pas favoriser l’installation de faux hotspot destinés uniquement au téléchargement illégal… ou de l’usage de la paranoïa et de la présomption de culpabilité révèle Zdnet.UK dans un document troublant, inquiétant.

Qui plus est, puisque pour éviter tout problème, il faut faire reculer le Net de 10 ans, il serait envisagé de configurer les firewalls pour interdire l’accès au P2P, aux sites intégrant du Flash, etc. De quoi permettre aux internautes de vivre l’ère délicieuse du Web 1.0…

Pendant ce temps là… en France…

… Hadopi laisse une relative ouverture aux Hotspots. La riposte graduée s’appliquera en dernière mesure mais il sera, au préalable, possible de sécuriser la connexion sous l’égide de dispositifs officiels signés Hadopi…. Cela évitant au final de couper les Hotspots d’entreprises ou d’institution… Pour une fois, la mesure semble pertinente… mais la sécurisation étant floue, et la liste blanche de la commission hadopi autant sélective que restrictive… il va de soi que les possibilités d’accès seront excessivement bornées…

Hadopi montre une fois encore ses limites… Hadopi montre encore une fois qu’elle s’avère inapplicable… faudra-t-il fliquer chaque réseau ouvert pour vérifier ce que chaque internaute y fait ? Le nombre de site consultés, le nombre de connexion aux hotspots par jour, par heure, augmentant constamment, la surveillance devient pratiquement impossible.

Le législateur risque de se voir confronté à cet état de fait très rapidement, y compris sur des réseaux domestiques non sécurisés, ce qui sera un élément à charge de plus contre ce dispositif sécuritaire inique, infondé, inapplicable à ce jour faute de décret d’application.

Résister à cette loi est donc toujours d’actualité. /-)

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Illustration FlickR CC d’arcy norman

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http://owni.fr/2010/03/04/l%e2%80%99internationale-hadopienne%e2%80%a6/feed/ 1
Internet : Initiation sécuritaire http://owni.fr/2010/02/10/internet-initiation-securitaire/ http://owni.fr/2010/02/10/internet-initiation-securitaire/#comments Wed, 10 Feb 2010 15:24:10 +0000 Stéphane Favereaux http://owni.fr/?p=7920 loppsi1c

Au début, il y avait le Net. Puis vint Loppsi 2… Hadopi 1, 2, puis Zelnik… puis ACTA… Aujourd’hui, mercredi 10 février, sur la scène politique de l’assemblée vide de députés, de responsabilité citoyenne, le débat est lancé. Loppsi is back !

Les débats autour de cette loi, cheval de retour du gouvernement Sarkozy, avaient été vaguement reportés, la loi avec, en juillet dernier, et depuis hier, une poignée de députés désœuvrés ou un peu plus impliqués dans leur rôle d’élu échangent autour de cette loi d’Orientation et de Programmation pour la Performance de la Sécurité Intérieure.

Hadopi avait permis de réels débats mais on constate, alors que le Net se voit envisagé comme un espace libre à museler toujours plus, que fort peu de passions émaillent les discussions. Pour le PS et l’opposition en général, cette loi procède de la « paranoïa sécuritaire » des sbires de Sarkozy… quand le délicieux Hortefeux considère Loppsi comme un « texte fondamental ». Il est certain que nombre d’internautes vont l’avoir dans le fondement si cette « chose » est votée. Et malheureusement, à en juger par l’implication des députés hier soir jusqu’à 1h du mat’, il est à craindre qu’elle passe haut la main l’examen de passage. Il faut alors espérer que le Conseil Constitutionnel fasse ensuite son office. Mais l’indifférence qui suivit le report de cette loi en juillet 2009 est à l’image de l’indifférence des députés… inqualifiable.

Loppsi, nous l’évoquions déjà sur l’Owni, est une loi pratique, fourre-tout, où tout passe sous coupe réglée. Lutter contre la cybercriminalité, la pédopornographie, l’obligation pour les FAI de filtrer les contenus… empêcher l’accès au Net des criminels que nous sommes donc tous en puissance… vous voulez de la sécurité sur le Net, loppsi sera votre ami de trente ans, sans jamais vous trahir… quoique…

Outre la bordée de dispositifs légaux mis en place depuis deux ans visant à faire de nos ordis des télécrans orwelliens, la volonté sécuritaire du gouvernement Sarkozy avec comme tête de pont Hortefeux donne une idée de ce que va devenir le web. La Quadrature du Net évoque « La mise en place de ce dispositif laiss[ant] la porte ouverte à de dangereuses dérives et [devant] désormais être complétée par de strictes garanties, ou à défaut être rejetée ». Malheureusement, je crains qu’il ne faille pas trop rêver, cette loi ne sera pas rejetée. Pour autant, il ne faut pas se résigner. Si les flics du web doivent essaimer les matraques sur chaque URL, chaque lien, chaque blog, nul doute que l’utopie libertaire, au sens noble, du Net, sera mise à mal. Le Net pourrait ressembler aux salles de rédaction de l’ORTF, et finir en caisse de résonnance gouvernementale, aux ordres, et soumis à une censure qui enfin s’avoue. Les censeurs sont toujours choisis comme des cravates, à en juger par le nombre de têtes de nœud que nous avons connus dans l’histoire.

Article 23.

L’article 23, notamment, de cette loi, se doit d’être ardemment combattu, tout comme la loi dans son ensemble ! Il permet d’installer des mouchards sur les ordinateurs de personnes suspectées. Mais la variabilité des crimes, des délits, de la pédophilie au simple téléchargement, pose quelque peu problème. Le rapport de moyen à fin tourne à la folie paranoïaque. Mettre un pédophile et un téléchargeur occasionnel sur le même plan est un déni de justice. Les fondements même du droit sont mis à bas, piétinés, méprisés, par une autocratie sarkozienne. La réponse légale doit être mesurée par rapport au délit commis, il en va de même pour les moyens d’investigation. Mais nous vivons une époque formidable où on expulse une môme de 9 ans de son école encadrée par les gendarmes. Elle représente une telle menace. On ne défend pas la liberté en la donnant aux chiens qui vont se repaître des derniers oripeaux d’une liberté républicaine.

Ces mouchards, donc, seront, cela va presque de soi, installés sans aucun accord des utilisateurs, sans même les en informer. La transmission des données sera automatique, telle qu’elles sont visibles sur l’écran, ou par la frappe au clavier. Ils ont pensé à une appli I-Phone ? I-loppsi pour fliquer les SMS comme le fait la Chine ? Voilà une bonne idée à donner à Brice Hortefeux ! Au point de déni des libertés fondamentales où nous en sommes, autant charger la mule !

Le Figaro (source sûre d’information gouvernementale en l’occurrence) évoque le dispositif de surveillance : « La police pourra [...] installer à distance des logiciels pirates, sortes de chevaux de Troie, qui la renseigneront en temps réel sur tout ce qui entre et sort d’un PC ou d’un Mac ». Quatre mois de flicage du Net renouvelable une fois. Huit mois sans pouvoir être libre alors que nous sommes sensés bénéficier de la présomption d’innocence non ? Oh ! pardon De Villepin. Mes mots dépassent mon niveau de sécuritarisme.

Plus fort, tout se fera sous couvert des juges d’instruction que Nicolas Sarkozy veut supprimer ! De fait, plus aucune indépendance réelle de la justice, on le sait. On l’a constaté dans l’affaire Clearstream.

La Ligue des Droits de l’Homme s’inquiète à juste titre de cette loi, qui marque, selon elle, un saut vers une « société de la surveillance, du soupçon et de la peur. ». Il faudra penser à fleurir la tombe de Pétain ! Toujours selon la LDH, « il s’agit [avec Loppsi] de renforcer, d’intégrer et de concentrer tous les instruments disponibles de fichage, de traçage et de contrôle social ».

« La chasse aux internautes » est ouverte !

Noël Mamère souligne également à juste titre que « c’est le dix-septième texte sur l’insécurité voté depuis 2002. Les décrets d’application de la plupart d’entre eux n’ont même pas été publiés ».

Le débat risque d’être long si tant est que la classe politique, les citoyens, sortent d’un individualisme primesautier et s’impliquent dans ce qui apparaît de plus en plus comme un volonté de foutre en l’air les libertés individuelles, fondamentales, voire constitutionnelles.

A propos de loppsi 2, j’avais écris cet article en juillet 2009. Rien n’a réellement changé depuis…malheureusement. Reculer pour mieux noyer le poisson en période électorale est toujours une stratégie intéressante. Gonfler la France entière, la saturer, avec Hadopi pour mieux passer Loppsi, dispositif complémentaire et pire encore… c’est finalement une stratégie de l’évitement du débat de la part d’une majorité qui préfère avoir moins de députés que de personnes dans le public à l’assemblée mardi 9 février au soir. L’exercice de la démocratie est un devoir quand on est élu. Pour beaucoup, il devient une possibilité, une option… bel exemple d’exercice du pouvoir politique et de trahison des électeurs.

Illustration CC FlickR matthileo

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http://owni.fr/2010/02/10/internet-initiation-securitaire/feed/ 4
Passage à l’ACTA ? http://owni.fr/2010/02/01/passage-a-l%e2%80%99acta/ http://owni.fr/2010/02/01/passage-a-l%e2%80%99acta/#comments Mon, 01 Feb 2010 17:35:19 +0000 Stéphane Favereaux http://owni.fr/?p=7508 Quand la blogosphère technophile ou geek frémit, le net s’éveille. ACTA. ACTA est sur toutes les lèvres, tous les blogs, tous les posts techno… 39 Etats tendent à vouloir s’entendre pour prendre des mesures pour lutter plus efficacement contre la contrefaçon. Depuis le mardi 26 janvier, au Mexique, les discussions vont bon train. Le piratage des biens culturels rentre toujours plus dans le cœur des débats. Loppsi 2, Hadopi 2, Zelnik, la décision italienne de mettre sous coupe réglée les blogueurs trop zélés dans leur lutte contre le gouvernement … les outils liberticides ne manquent pas pour surveiller le Net.

Voilà maintenant que l’on nous sert sur un plateau ACTA…

L’inquiétude est grande face à cet Anti-Counterfeiting Trade Agreement. Les discussions en cours devant mener à la ratification de cet Accord commercial Anti-Contrefaçon posent pour de nombreux blogueurs les raisons d’une lutte aussi ardue que celle menée contre Loppsi 2 (revenant sur la scène publique de plus en plus vide de sens) ou Hadopi 2.

Si le rapport Zelnik se mettait en place dans le plus grand secret, il en va de même pour cet Accord classé Secret Défense, pratiquement … Le culte du secret d’accords concernant l’ensemble des internautes ouvre toujours la porte à toutes les rumeurs, plus ou moins fondées, à toutes les spéculations, plus ou moins basées sur des faits réels.

Il est patent que dans cette affaire, de nombreux pays tels l’Australie, la Corée du Sud, la Nouvelle-Zélande, le Mexique, la Jordanie, le Maroc, Singapour, les Etats-Unis, l’Union européenne, la Suisse, le Japon, les Emirats Arabes Unis et le Canada, essaient de s’accorder depuis 2007. Autant dire l’ensemble des pays développés. L’ensemble des pays dans lesquels les internautes, en massent téléchargent, piratent /-) et font parfois fi des droits d’auteurs.

Rappels

Ce traité incluant les droits d’auteur, entre autres, poserait donc les bases d’une nouvelle réglementation web internationale. On peut donc se poser la question de savoir si ACTA mettra plus ou moins le net sous surveillance à la façon de l’inapplicable Hadopi en France.

La «puissance» de la Hadopi a pu en effrayer, ce ne fut guère le cas du réseau des Pirates, et ce que l’on sait le l’ACTA n’est a priori guère plus effrayant. Le Net ne semble pas devenir le télécran d’Orwell à la vue des infos qui filtrent des débats et des entretiens menés par ces pays ou ces organisations.

L’un des principaux but de cet accord sera l’harmonisation de la manière dont les États fortement connectés et ceux qui vont l’être toujours plus pourront lutter contre la contrefaçon on-line de films, vidéos, musiques, livres, bref de l’ensemble des biens culturels, mais aussi de lutter contre les expressions plus classiques de la contrefaçon : mode, médicaments, pièces automobiles, etc… Le délit de contrefaçon existe, quoi qu’il en soit, déjà dans le dispositif hadopi 2 en France…

Parmi les mesures clairement identifiées par les documents laissés à «disposition» par l’UE :

> L’obligation pour les FAI de mettre à mal la loi Informatique et Libertés, entre autres, en fournissant sous mandat judiciaire l’identité de l’internaute et son IP … la suspicion risque de s’étendre à nombre d’internautes. De plus, les amateurs de gestion de proxy savent déjà passer outre les barrières que ces lois ou accords veulent mettre en vigueur…

> Les ayants-droits pourraient avoir accès à nos données personnelles sans passer par la case justice … ce qui sur les terres d’Hadopi relève du cynisme le plus odieux.

> Les douaniers pourront débarrasser les voyageurs de leurs ordinateurs, de leurs MP3 ou DDE contenant des fichiers pirates. S’il ne fait aucun doute que ce soit techniquement faisable, quid du respect de la vie privée ? De fait, prévoir du temps lors des passages aux frontières si vous avez un DDE de 1To!! Pour les vols vers les Etats-Unis, prévoir deux jours avant l’embarquement !

> Les sanctions pour la violation des DRM seront accrues

De fait, l’ACTA a priori veut avant tout faire peur. Elle se veut dissuasive. Mais chaque mesure énoncée ne peut être systématisée, faute de quoi, on ne peut plus vivre, échanger, parler, se déplacer. Ou alors, il suffira de ne plus avoir de matériel techno sur soi… à tout le moins de les alléger de leurs contenus piratés. De plus, il est patent que fouiller tous les disques durs y compris externes et les MP3 de la planète lors des passages aux douanes relève de la gageure. Qui plus est, il paraît difficile de prouver que tel ou tel fichier est piraté à moins d’avoir sur soi toute sa CDtèque, DVDtèque… les suppléments bagages vont s’accumuler dans les aéroports …

Secret ≠ paranoïa

Ce qui pose ouvertement problème, c’est la criminalisation du téléchargement et encore une fois des mesures qui vont à l’encontre de la logique technologique que nous connaissons tous.

Mettre dans le même accord sous le même blanc-seing judiciaire et policier un médicament pouvant être mortel, un sac à main et un fichier MP3 pose tout de même question. Le rapport de moyens à fin n’est-il pas totalement délirant? L’objet du délit que constitue un fichier contrefait ne peut être comparé à une industrie du faux médicament quand bien même il existe des internautes ayant monté l’échange de fichiers pirates au niveau industriel. Le niveau de dangerosité est tout de même moindre… sauf pour les producteurs et diffuseurs fermant les yeux devant la dématérialisation des supports.

C’est un fait de plus pouvant amener à penser que ACTA deviendra par la force des choses et le pragmatisme nécessaire dans ce type d’affaire, difficile à mettre en œuvre . On peut même aller jusqu’à penser que ACTA sera mort-né.

Mais… prudence est mère de sureté

Si à la lecture des informations filtrant des discussions tend à se mettre en place une nième attaque contre la vie privée des internautes, contre les libertés fondamentales dont nous disposons tous, et ce avec l’aval de la communauté internationale, il est donc normal et légitime que ReadWriteWeb s’en inquiète en posant la question de ce que pourrait être les changements de la face d’Internet.

Les actes de censures, les volontés de contrôle des autorités chinoises sur Internet, l’affaire Google, participent de ce climat ambiant délétère où le Net est en train d’évoluer. Défendre ses libertés apparaît toujours plus nécessaire et nous devons poursuivre ces luttes entreprises depuis 2007, voire même avant. Cela se pose comme un fait indiscutable. Mais il ne faut en aucun cas hurler au loup!

Le retour sur le devant de la scène de Loppsi 2 nous montre cette Loi d’Orientation toujours plus vidée de sa substance; Hadopi 2: idem puisque, dans les faits, nous l’avons souvent dit ici, ce texte sera inapplicable.

Gageons que le destin de ACTA soit globalement similaire …

Qui plus est, les désaccords entre les Etats, même s’ils sont peu nombreux dans les négociations de ce traité, portent sur deux points particulièrement sensibles:
> les garanties concernant la protection de la vie privée des citoyens. En France, la CNIL a bloqué Hadopi sur cette question en décembre dernier.

> l’extension des pouvoirs des douaniers, défendue principalement par les Etats-Unis.

Sur ce dernier point, et considérée la paranoïa territoriale ambiante outre-Atlantique, il fallait s’y attendre. De plus, la portée réelle, effective, de ce traité est plus qu’incertaine.

La Chine, le Brésil, l’Inde et d’autres pays émergents ne participent pas aux négociations et rien n’est encore établi quant à l’intégration simplifiée dans cet accord pour ces pays. Quant au volet Web de l’accord, pour la Chine, il ne peut pas être pire que ce que le Net chinois est actuellement ! De fait, pourquoi le ratifierait-il ? Quand à la contrefaçon des produits industriels, c’est tout de même la Chine entre autres qui en inonde le monde … bel ironie si ce pays adopte l’accord. Il est vrai que le cynisme politique est sans limite de l’autre côté de la muraille.

Unilatéralité

Ce qui pose réellement problème donc, tout comme ce fut le cas avec la commission Zelnik, c’est qu’encore une fois, aucune association d’internautes n’est conviée à la table des débats. Et sur ce point, s’inquiéter est légitime. La Quadrature du Net s’émeut avec force du culte du secret. Ce qui est sûr, toutefois, selon le parlement européen, c’est que «(…) <span L’analyse de la Commission confirme que le document de travail actuel de l’ACTA restreindrait profondément les droits et<span libertés des citoyens européens (…)».

Loin d’en être au round final, l’ACTA doit être envisagée sereinement en tenant compte des leçons Loppsi et Hadopi, entre autres. Le huitième round de négociations doit se tenir en Nouvelle-Zélande et une signature «définitive» pourrait avoir lieu avant fin 2010.
En dépit des annonces faites, des libertés visiblement amoindries, il faut continuer d’être vigilant, lutter pour conserver nos libertés individuelles, pour faire en sorte que le Net ne soit pas un produit soumis à des règles marchandes mais un réel espace de liberté et d’expression libre.
Toujours est-il qu’en tout état de cause, ACTA pourrait être tout à fait similaire à ses prédécesseurs légaux français et ne faire débat que dans la mesure où la chose réinitialise des peurs liées à ce que nous savons être inapplicable.
S’il est nécessaire, encore une fois, de lutter pour défendre nos libertés, rester anarnautes, et ne pas «laisser faire» les Etats quant à la pénalisation systématique du web, il faut aussi parfois se rendre à l’évidence: à mesure que l’on découvre ce que sera ACTA, cet accord apparaît toujours plus comme un bel exemple de non débat où l’unilatéralité crée les conditions de l’impossible, de l’anti-constitutionnalité, des frayeurs entretenues dans les médias ou sur la blogosphère.

> Illustration: CC par blogpocket sur Flickr


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Hadopi RIP Apiadopi http://owni.fr/2010/01/27/hadopi-rip-apiadopi/ http://owni.fr/2010/01/27/hadopi-rip-apiadopi/#comments Wed, 27 Jan 2010 17:20:19 +0000 Stéphane Favereaux http://owni.fr/?p=7296

Notre gouvernement ayant omis de déposer à l’INPI le nom Hadopi, un opportuniste que l’on jugera ou non délicat, eut la délicieuse idée de déposer ce nom 6 mois avant les autorités politiques.  Renaud Veeckman, le dépositaire en question, moque maintenant ouvertement les pro-Hadopi en lançant, ce lundi 25 janvier une plateforme de téléchargement légal, et ce sous les yeux que l’on imagine ébahis d’énervement de Pascal Nègre et de défiance du Ministre des Droits d’Auteur et de la SACD.

L’AFP révèle en fait que les deux dossiers de dépôt ont été déposés, et l’affaire traitée par un tribunal compétent en la matière. L’INPI n’a en effet pas encore « tranché ».

En tout état de cause et par excès de zèle prudent, on le comprendra à la vue des souhaits gouvernementaux, Renaud Veeckman répond au gouvernement avec ApiAdopi. Au nouvelObs.com, il répond : « Contre le marketing politique, j’ai fait du marketing tout court. ».

La home page de ApiAdopi est claire : « Nous en sommes tous conscients, les modèles qui régissent – aujourd’hui – l’économie culturelle ne sont plus satisfaisants ni pour les créateurs ni pour les consommateurs. Seuls quelques acteurs (majors, sociétés de production télévisuelles, grands médias) monopolisent l’espace culturel en s’arcboutant sur des schémas dépassés. Ils empêchent, par là-même, l’émergence et le développement de projets viables et alternatifs. »

Pertinente démarche qui à  au moins le mérite d’ouvrir et d’accélérer potentiellement la mise en place d’autres plateformes de téléchargement légal, principe posé par le rapport Zelnik. La société civile prend le relais d’un gouvernement qui en est encore à légiférer là où son incompétence explose à la vue de tous les internautes, et pas uniquement des pirates /-)

Cette réponse pleine d’ironie idéaliste qu’il lance à la face du Ministère des revenus des artistes et de la culture se veut un modèle économique participatif : « Notre plateforme vise l’autofinancement. Les artistes seront rémunérés à 70% et la plateforme prendra 30% pour ses frais de gestion », poursuit l’empêcheur d’hadopiser en rond. L’artiste fixe le prix de ses supports, puisque ce projet se veut idéaliste. Si l’on voulait avoir la critique facile, on dirait utopiste.

Dans les faits, l’ouverture au grand public sera faite en septembre prochain, de telle façon que les artistes et créateurs puissent « remplir » la plateforme et qu’elle propose une véritable offre, aussi exhaustive que possible ; il est cependant fort à parier que seuls les anti-hadopi prennent place sur cette plateforme si tant est qu’elle voit effectivement le jour. Les pro attendront gentiment de suivre le sens du vent des décisions institutionnelles.

Apiadopi sera-t-il une nouvelle pierre angulaire vers lequel seront stigmatisées les envies légalistes de l’usine à gaz inapplicable Hadopi ?

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