Les méfaits d’une grande audience sur Twitter
Obtenir un nombre important de followers est, avouons-le, un des objectifs dans la twittosphère. Pourtant il existe aussi des désavantages à en avoir trop : la conversation finit par devenir impossible. C'est l'idée émise par le blogueur Clive Thompson.
Parfois, il y a des histoires qui sont  tellement intéressantes qu’il faut juste les raconter. Mais écrire un  blog, c’est souvent donner son avis. Je suis pourtant également de ceux  qui aiment beaucoup écouter les gens parler et apprendre de leurs  paroles. L’article qui suit n’est donc pas véritablement de moi. Il a été écrit par Clive Thompson sur Wired [EN] et j’avais juste envie de  le traduire pour le partager avec une audience francophone. Bien  évidemment, je l’ai enrichi et me suis approprié le sujet.
Et, une fois que vous l’aurez lu, j’espère pouvoir m’enrichir de vos  paroles et juste vous écouter en commentaire.
Lorsque nous parlons de réseau social, plus c’est grand, mieux c’est.  Du moins, c’est ce que de nombreuses personnes pensent. Plus le nombre  de personnes qui vous suivent ou sont amis avec vous est grand, plus  vous êtes important et génial. C’est pourquoi nous sommes parfois  tellement en admiration devant des personnes qui ont plus d’un million  de followers sur Twitter.
Mais avoir une énorme audience sur  Twitter peut avoir des points négatifs.
Lorsque vous passez de quelques centaines de followers à une dizaine de millier, quelque chose d’inattendu se produit : le principe de réseau social vole en éclat.
Prenons le cas de l’Américaine Maureen Evans.
Cette jeune femme utilise Twitter depuis ses tout débuts en 2006, où  elle arriva rapidement à une centaine de followers. Comme de nombreux  utilisateurs, elle appréciait la nature des conversations que faisait  naître ce medium : un follower répondait à l’un de ses messages et  d’autres followers allaient venir immiscer dans la conversation pour  faire naître une véritable conversation.
Puis, en 2007, elle commença un petit projet sur Twitter : publier des  recettes, chacune condensées en 140 caractères. Elle amassa très vite  3000 followers, mais sa communauté en ligne ressemblait toujours à une  petite ville : parmi ses habitués, les gens se connaissaient et  discutaient entre eux.
Mais alors que son audience grandissait encore et encore, dépassant les  13.000, le sens de communauté s’évapora. Les personnes arrêtèrent de  discuter ou de lui adresser la parole.
C’était devenu totalement silencieux
s’étonna-t-elle.
Pourquoi ? Parce que la socialisation ne pouvait plus suivre. Une fois  qu’un groupe a atteint une certaine taille, chaque participant commence  de nouveau à s’y sentir anonyme. Les personnes qui semblaient proches,  presque comme des amis, semblent soudainement trop importantes, et donc  distantes.
“Elles ont l’impression qu’elles ne peuvent plus être celles qui feront  la contribution utile”, explique Maureen Evans : donc la conversation  s’arrête.
Retour à une diffusion de type radio ou télévision
Mais Evans n’est pas la seule. Cette histoire semble se répéter chez de  nombreuses personnes qui ont gagné en popularité sur Twitter. Avec  quelques centaines ou milliers de followers, elles s’amusent – mais dès  que l’on franchit une certaine limite, le réseau social s’effondre et les  médias sociaux ne sont plus sociaux du tout.
Il ne s’agit plus vraiment de discuter et de partager puisque nous  retournons à quelque chose qui ressemble d’avantage à une diffusion dans  le pur style radio ou télévision.
Une personne avec plusieurs dizaines de milliers de followers va  diffuser de l’information sans que les interactions soient aussi riches  qu’avec 1000 followers.
Les followers vont partager l’information, la “retweeter”, simplement  parce qu’il s’agit de la seule chose à faire.
Donner son avis ? Pour quoi faire ? Quelqu’un comme Eric Dupin  (@pressecitron) doit recevoir plus de trente réponses à la moindre question.
Est-ce que vous pensez qu’il est possible ensuite de  remercier/discuter/débattre avec chacune d’elle sans que cela devienne  un job à plein temps ?
Lorsque vous avez 1000 followers, vous avez tendance à répondre à toutes  les personnes qui vous envoient un message, voire à remercier pour  chaque retweet.
Lorsque vous avez atteint 40.000 followers, le choix des personnes à qui  répondre se fait de la même façon que sur le standard d’une radio. Cet  “auditeur” a des propos intéressants, répondons-lui, donnons-lui la  parole… même si cela signifie laisser l’immense majorité des autres  personnes dans le silence.
Un outil pour anticiper un trop grand cercle social ?
Et si la conversation devient plus difficile lorsque le nombre de  followers dépasse un certain seuil, ce n’est pas seulement à cause de  cette audience qui se sent intimidée. S’il est plus difficile pour les  personnes de ressentir la même proximité avec une personne qui a 50.000  followers qu’avec une personne qui en a 500, la personne en question a  aussi tendance à s’auto-censurer.
En effet, les personnes qui se retrouvent avec une audience énorme ont  tendance à écrire de manière plus prudente, un peu comme un homme  politique.
Clive Thompson terminait son article en se faisant la réflexion que,  peut-être, fallait-il créer des outils qui récompenseraient l’anonymat,  qui encourageraient à rester dans l’ombre. Il pense aussi à un service  qui préviendrait les utilisateurs lorsque le cercle social devient trop  grand pour être viable.
Je ne suis pas totalement convaincu par cette approche qui ne  fonctionnera pas auprès du grand public, mais il a raison sur un point :  être connecté à moins de personnes a un avantage : nous discutons avec eux, contrairement au fait de communiquer vers eux.
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Billet initialement publié sur Web Tribulation
Image CC Flickr Desmond Kavanagh


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