OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Cette crise ne passera pas l’Ibère http://owni.fr/2012/07/04/cette-crise-ne-passera-pas-libere/ http://owni.fr/2012/07/04/cette-crise-ne-passera-pas-libere/#comments Wed, 04 Jul 2012 16:06:15 +0000 Florian Cornu http://owni.fr/?p=114728

Acampada Barcelona, 27/05/2011. Après l'attaque de la police - (cc-byncnd) Julien Lagarde

L’ouvrage collectif Aftermath “les cultures de la crise économique” [pdf] qui vient de paraître en Angleterre aux éditions Oxford University Press constitue le fruit de la réflexion et de l’enquête de Manuel Castells sur les réseaux de solidarité économiques nés de la conjoncture actuelle. Nous avons rencontré l’auteur à Paris lors d’une conférence intitulé “Une autre économie est possible” organisée par la fondation maison des sciences de l’homme. Accompagné d’Alain Touraine et Michel Wieviorka, le sociologue, titulaire de la Chaire “La société en réseaux” du Collège d’études mondiales a présenté une synthèse de différents travaux effectués ces dernières années.

De part son titre, la conférence  revient un peu à la racine du parcours politique de celui qui, dans sa jeunesse, était un anarchiste engagé dans l’anti-franquisme en Catalogne. Comme il le concède lui même, il poursuit en quelque sorte ce travail en analysant la transformation des rapports de pouvoir (cf. vidéo ci-dessous) dans l’ensemble de nos sociétés et dans le monde. Le tout, à travers la transformation organisationnelle technologique et culturelle de la communication.

Selon sa pensée, le modèle de croissance “efficace, global et informationnel” dans lequel le monde se complaisait avant la crise a été bâti grâce à Internet et plus largement, grâce aux réseaux de communication et aux nouvelles technologies. Le “vide social” laissé par la crise économique serait ainsi à l’origine de la naissance de nouveaux réseaux de solidarité économiques alternatifs un peu partout dans le monde. Sorte d’émanations concrètes et subversives d’un mouvement social continu.

Aux racines de la crise

Internet. Si ce réseau est né avec la culture libertaire issue des mouvements sociaux des années 1970, il a également été accaparé par l’économie et la finance. Comme le précise le sociologue :

Ça a été à la base de la Silicon Valley mais également de toute la redéfinition du jeu économico-financier dans le monde. D’un coup, l’idée a été d’utiliser des systèmes mathématiques, des innovations, au service d’une capacité institutionnelle accrue dans la dérégulation et la libéralisation de toute l’activité économique. Le but ? Échapper au contrôle institutionnel et social pour construire un système économique à partir de produits financiers essentiellement immatériels créant leur propre valeur.

Ce nouveau  mécanisme financier basé sur du capital “synthétique” aurait  progressivement fait perdre au travail et au capital tout lien avec leur dimension sociale. Dès lors, il s’agissait d’inclure ce qui avait de la valeur et d’exclure ce qui n’en n’avait pas. On a basculé progressivement, de façon métaphorique, d’un monde découpé en points cardinaux à un monde en “In” et “Out” comme dans le monde des réseaux.

Espagne Labs: inventer la démocratie du futur

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Des assemblées numériques reliées entre elles, un réseau social alternatif, des outils open source et des licences libres ...

Mais ce nouveau modèle qui s’est établi entre les années 1980 et 1990 s’est effondré à cause de deux présupposés qui se sont révélés être faux : premièrement, le système reposait sur l’idée qu’en se servant de l’immobilier comme garantie pour les prêts, le profit des banques progresseraient toujours. Deuxièmement, la capacité d’endettement était infinie puisque fondée sur le marché inépuisable de l’immobilier. C’est ce qui a permis d’établir une économie financière pyramidale :“on prête, les gens s’endettent, on vend la dette à d’autres gens qui les vendent à d’autres, ce qui semblait ne pas avoir de fin”.

Ce sont globalement deux types de conséquences politiques qui ont surgi. D’une part, le développement de mouvements ultranationalistes et racistes devenant le fond de commerce d’un personnel politique opportuniste. De l’autre, la naissance de mouvements de révolte sociale dans toutes les parties du monde.

Dont ce que l’on peut appeler les “mouvements sociaux continus”. C’est le cas des “indignados” espagnols qui, la plupart du temps, discutent, débattent, s’organisent et ne se manifestent en public que ponctuellement. On a donc actuellement une redéfinition des règles du jeu sociétal, économique et culturel“aussi importante qu’à Bretton Woods.

La genèse d’un mouvement social continu

Les propositions de ¡Democracia Real Ya!

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Le mouvement ¡Democracia Real Ya! a annoncé lundi dernier en conférence de presse la préparation d'une manifestation ...

Des dizaines de milliers de gens ont ainsi décidé un peu partout dans le monde de changer leur vie. Pas en sortant ou en s’excluant de la société  mais en organisant leurs pratiques économiques, le commerce, les services qu’ils utilisent en s’appuyant sur d’autres réseaux de solidarité, des réseaux de sens, des réseaux d’autoproduction au sein même de la cité.

En Catalogne, ils sont très nombreux et, selon l’analyse de Castells, ils tissent un nouveau tissu social, culturel et économique remplissant le vide social laissé par la crise. Le point commun de ces réseaux est qu’ils rejettent  le système dans lequel nous vivons. Loin d’être des néo-hippies,  la plupart des personnes qui y sont impliquées pourraient trouver un emploi relativement convenable mais semblent préférer changer leur vie en reprenant possession du temps :

Le temps, seule richesse que nous possédons tous.

L’un des choix opéré par les membres de ces réseaux dont la moyenne d’âge est de 35 ans, est donc de s’investir dans des activités et structures solidaires en se contentant d’un petit salaire pour avoir davantage de temps disponible. Bon nombre de vidéos, qui rendent compte de ces pratiques, ont d’ailleurs été tournées dans le cadre du projet Aftermath, réalisé au même moment que l’ouvrage collectif mentionné plus haut. La suivante retrace la vie de quelques-uns de ces projets :

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Les types et la nature des réseaux sont variés : autoproduction agricole, de biens, de services, idée d’une monnaie sociale avec principe de banques de temps (“je vous offre deux heures de service voilà ce que je sais faire”, et on obtient de la monnaie sociale), coopératives de production, coopératives de logements, radios pirates, réseaux de production agricole dans la ville, réseaux de production agro-écologiques (“très présents dans le midi et le sud de la France”), réseaux de hackers, cuisines coopérative, etc.

C’est un ensemble de pratiques qui existe partout du monde. À New York, par exemple, le sociologue avance que cela rassemble 55 000 personnes. Dans le cas de Barcelone, cela représenterait environ 40 000 personnes, soit 1% de l’aire métropolitaine. Cependant, certaines pratiques alternatives rassemblent de plus en plus. C’est le cas de la banque éthique, qui travaille sans profit, prête selon des critères sociaux et compte environ 300 000 clients dans l’aire de Barcelone.

Beaucoup de ces nouveaux activistes étaient déjà impliqués dans des mouvements alternatifs, mais viennent aux “mouvements sociaux continus” pour échapper à des carcans idéologiques. Leur problème central n’est pas la survie économique : ils pourraient avoir un boulot moyennement payé mais préfèrent avoir un boulot peu payé et avoir beaucoup de temps. Ils savent qu’ils ne veulent pas vivre comme aujourd’hui, ils refusent de s’intégrer, mais également de se marginaliser.

Madrid: fonctionnement d’une assemblée de quartier

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OWNI vous propose de plonger au cœur d'une assemblée de quartier et de comprendre son organisation et, au-delà, le ...

Ils construisent donc des réseaux très vastes pour recréer une vie sociale, une vie dans les coopératives, dans les quartiers… il y a beaucoup de maisons occupées qui sont transformées en centres sociaux, de réparations de vélos, etc. La notion d’être ensemble y est essentielle. L’amitié, la coopération, la sociabilité contre l’individualisme et la compétitivité de la société.

L’expérimentation est le principe qui guide l’organisation de ces réseaux. Quelque part, la manière dont ils font les choses compte plus que le contenu de leurs pratiques car l’essentiel est de réapprendre à vivre et de repenser une société à partir de ces expériences. Ils refusent tout modèle abstrait, toute idéologie, tout parti politique. Le principe : ils veulent reconstruire la société à partir de la réussite de leur organisation quotidienne.

Des pratiques répandues au sein de la population

L’un des enjeux de tout ce travail de Manuel Castells en Catalogne est de comprendre la sociologie des citoyens impliqués dans ces réseaux de façon directe ou indirecte. Il s’agit également de percevoir le degré d’usage de ces pratiques par l’ensemble de la population.

Pour ce faire, le sociologue a organisé des débats entre ces militants et des gens “normaux” dont un certain nombre disait avoir “peur de ce genre de vie”. La réponse offerte par ceux qui désirent aujourd’hui changer la société :

Vous savez, quand vous serez arrivé à l’âge de la retraite, vos pensions ne seront plus là. Car les pensions dépendent de systèmes financiers qui risquent de s’effondrer définitivement, contrairement à nos réseaux de solidarité.

La conclusion intéressante de cette enquête réside également dans l’implication du plus grand nombre à ces pratiques “alternatives”. Les gens impliqués ont des statuts économiques et un capital culturel très variés, qu’il s’agisse de personnes utilisant ces réseaux pour leur survie ou ceux qui s’y investissent simplement par idéologie. Par ailleurs, l’étude de Castells a révélé que les personnes les plus impliquées étaient très éduquées mais précaires économiquement. Le point commun étant que les individus se constituent en “sujet social pour changer leur vie et changer ainsi la société”.

D’après Castells, comme ce militantisme refuse toute institutionnalisation, on pourrait dire que ce sont des pratiques utopiques.

Toutes les grandes idéologies et mouvements de l’Histoire seraient ainsi parties de l’utopie : le libéralisme, le communisme, le socialisme sont des utopies. Les pratiques matérielles s’organisent toujours autour de systèmes de références et apparaissent comme irréalisables pour un certain nombre d’acteurs de la société. La réponse des acteurs de ces utopies (dans le cas de ces réseaux de solidarité), c’est que c’est le système actuel qui ne peut pas fonctionner et ne fonctionne plus, un système politique qui n’est pas légitime et contesté par l’ensemble des gens et rejeté par des secteurs de plus en plus large de la société.

Ces réseaux veulent changer la vie au jour le jour, montrer que c’est possible pour “changer la société de l’intérieur”. Ainsi, c’est dans ce mode de vie visant à construire un autre quotidien que l’on trouve peut-être les prémices de la nouvelle société. Société naissant au cœur d’une crise aiguë : celle d’un système global fondé sur la finance, qui s’est, depuis bien longtemps, désolidarisé du social.


Photo par Julien Lagarde [CC-byncnd] via sa galerie Flickr

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Banques éthiques: les vilains petits canards de la finance française http://owni.fr/2011/02/14/banques-ethiques-les-vilains-petits-canards-de-la-finance-francaise/ http://owni.fr/2011/02/14/banques-ethiques-les-vilains-petits-canards-de-la-finance-francaise/#comments Mon, 14 Feb 2011 14:58:07 +0000 Claire Berthelemy et Sylvain Lapoix http://owni.fr/?p=38031 5 millions d’euros de fonds propres, plus de 26 000 sociétaires / actionnaires… « D’un point de vue purement réglementaire, nous avons le droit d’être une banque de plein exercice », annonce Marc Favier, responsable du projet de développement et d’innovation de la banque éthique La Nef. Seulement voilà : la Banque de France ne veut pas.

Partie de la loi de 1984, la concentration du secteur bancaire orchestré par la Banque de France a certes livré des mastodontes internationaux au secteur bancaire français, mais la prive aujourd’hui de tout réseau de banque éthique indépendant. Adossé au Crédit coopératif, lui-même membre du groupe Banques populaires-Caisses d’épargne, elle représente la seule alternative aux grands réseaux… bien qu’intégrée à l’un d’eux.

Créé à la même époque que La Nef, des établissements bancaires européens dédiés au financement de l’économie sociale et solidaire, aux projets écologiques ou à l’agriculture durable existent à deux pas : la GLS allemande, créée par des parents d’élèves dans la Ruhr à la fin des années 1960, Triodos en Hollande, la Banca Etica en Italie…

Toutes banques de plein droit là où La Nef ne dispose que d’un agrément bancaire limité, spécifique à la France, qui peut également se targuer d’avoir les critères d’autorisation d’exercice bancaire les plus complexes de l’Union européenne. Mais pas de hasard dans tout cela, juste une stratégie : celle du « big enough to win » (« assez gros pour gagner », ceci n’étant pas une expression officielle), consistant à privilégier les grands réseaux internationaux aux structures mutualistes proches des clients. De quoi couper l’envie d’un Bank Run au plus motivé des Cantona.

Des myriades de banques spécialisées des années 60 aux mastodontes de la finance des années 2000

Avant les années 1980, La Nef n’avait même pas eu besoin d’être une « banque » : constituée en association, la loi lui permettait le droit d’accorder des prêts et crédits à des entreprises ou des initiatives. Ses créateurs, militants de l’éducation alternative, de l’agriculture paysanne et de l’économie sociale et solidaire, se voyaient refuser régulièrement des prêts par les grandes banques pour financer leurs projets. Une liberté d’organisation que la loi du 24 janvier 1984 a fait méthodiquement voler en éclat : dans le but de prévoir la concurrence accrue du secteur (notamment au niveau européen), le Code monétaire et financier qu’elle instaurait mettait fin à la spécialisation des banques et « banalisait » leurs activités. Fini le Crédit maritime et stop aux réseaux réservés aux agriculteurs, la multitude de petits établissements et réseaux mutualistes se regroupent et oeuvrent à leur crédit défendant à la « consolidation du secteur bancaire français », pour reprendre les mots d’un rapport de la Banque de France. Les effets sont fulgurants : de 661 banques coopératives au moment de l’adoption de la loi, il n’en reste plus que 174 dix ans plus tard (voir le graphique ci-dessous).

Extrait du rapport annuel 2007 du CECEI (Comité des établissements de crédit et des entreprises d'investissement)

Le monde mutualiste se voit obliger de se doter d’un organe central, la Banque française de Crédit coopératif, « afin d’assurer la solvabilité et les liquidités », précise Claude Sevestre, chargée de communication pour le groupe. Mais ce n’était qu’un premier pas…

Ebranlée par les scandales Enron et Worldcom, la finance mondiale s’organise pour protéger au mieux… les investisseurs ! Aux Etats-Unis, la loi Sarbanes-Oxley met les grands groupes en coupe réglée, exigeant la transparence des comptes que les grands dirigeants certifient personnellement. En France, les actionnaires sont rassurés par la Loi de sécurité financière (ou loi Mer) votée en 2003. Au programme : encore plus de concentration dans les banques pour « assurer les comptes ». « De plus grandes banques, ce sont de plus gros dépôts, de plus gros dépôts, ce sont de plus grosses garanties et de plus grosses garanties, c’est ce que la Banque de France a pour mission d’assurer », résume Marc Favier. L’année de la loi Mer, le réseau Crédit coopératif cesse d’être un réseau indépendant et est fondu dans le réseau Banques populaires avant la formation du groupe BPCE en 2009, devenu depuis deuxième réseau de France.

Dans les murs de la Banque de France, au centre même de cette évolution, l’organisme en charge de certifier les banques, l’Autorité de contrôle prudentiel, est née de la fusion de quatre organisations gérant auparavant chacune de leur côté banques, assurances, mutuelles et organismes de crédits et d’investissements.

La crise des grands condamne les petits

Si le protocole qui lie le Crédit coopératif à BPCE garantit l’autonomie de gestion, l’identité et la marque de la banque coopérative, ce mouvement de concentration a quasiment stérilisé le terreau de toute nouvelle tentative de création de banque. « La question de la création et de l’agrément d’une banque ne se pose pratiquement jamais, constate Laurence Scialom, professeure de Sciences Economiques à Paris X Nanterre. La dernière fois qu’un véritable mouvement de création des banques a eu lieu, c’était à la chute du mur de Berlin, avec les « pockets banks ». » Apparues dans tous les coins de l’ex-Europe de l’Est, ces établissements financiers nés dans la désorganisation de l’époque ont cependant bien vite été capté et racheté comme de parfaits relais pour les géants d’Europe occidentale (notamment allemand, français et autrichien). Sur le papier, l’usine à géant de la finance a fait ses preuves : selon un classement établi par La Tribune, 4 des 17 plus grandes banques en terme de résultat net sur les 9 premiers mois de 2010 étaient françaises.

Et pendant ce temps là, La Nef court l’Europe : depuis 5 ans, la banque éthique française tente de s’allier à l’espagnol Fiare pour profiter de l’agrément bancaire détenu en Italie par Banca Etica. « Grâce à la loi européenne, un organisme financier disposant d’un agrément bancaire d’une banque centrale d’un Etat membre peut implanter des filiales où elle le souhaite ailleurs dans l’UE », précise-t-on à La Nef. Or, en difficultés depuis quelques temps, Banca Etica a repoussé encore le projet sine die.

Or, derrière ces notions de « transparence » et de « prudence » mises en avant par la Banque de France ne se cachent que les exigences des acteurs de la Bourse. Le circuit emprunté par les euros déposés sur un simple compte courant reste aussi opaque au commun des mortels qu’il l’était avant, sauf dans les établissements éthiques. Et tout ce besoin de sécurité n’est né que de la remise en cause de la séparation des métiers des banques entre le prêt, la gestion des comptes et les activités de placement sur les marchés, qui a amené les grands groupes à prendre de plus gros risques devant être assurés avec de plus gros dépôts…

En manque cruel de crédit, les filières d’énergie, d’agriculture ou d’économie alternative ne dispose aujourd’hui de l’aide que de petits acteurs, alors même que les subprimes ont montré qu’en matière d’emploi comme en matière de placement, le secteur coopératif était plus solide. « Cette absence d’agrément est paradoxale car, au final, les banques coopératives ont une bien meilleur visibilité de leurs actionnaires car ce sont aussi ses clients », résume un cadre de La Nef. Mais cette transparence là ne semble pas avoir été promue au rang de règlement du système bancaire français. Une simple question de « moralisation du capitalisme », en somme.

Article publié initialement dans le cadre de notre dossier OWNI.fr : Banques éthiques, monnaies libres… et toi, tu fais quoi après la crise ?

Illustrations Flickr CC tim geers ; @NO4 et Acmolenaar

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Après l’échec du Bank Run, quatre idées pour s’éloigner des banques http://owni.fr/2010/12/12/apres-lechec-du-bank-run-quatre-idees-pour-seloigner-des-banques/ http://owni.fr/2010/12/12/apres-lechec-du-bank-run-quatre-idees-pour-seloigner-des-banques/#comments Sun, 12 Dec 2010 16:12:17 +0000 Sylvain Lapoix http://owni.fr/?p=39051 Article publié initialement sur le site OWNIpolitics sous le titre : Quatre alternatives au Bank run de Cantona.

Mardi 7 octobre, même si des centaines ou des milliers de Français avaient été clôturer leur compte ou simplement en retirer le maximum de cash autorisé, les banques n’auraient pas tremblé. Si l’initiative lancée par Eric Cantona a donné l’illusion sympathique qu’il suffisait de s’armer de sa carte bleue pour entamer les fondations du système bancaire, elle n’eu aucun effet, sinon, peut-être celui de priver une poignée d’épargnants de leur capacité à recevoir des virements, ainsi qu’un nombre considérable d’autres désagréments qu’avaient énuméré nos collègues de rue89.

Pire : les « bank runners » qui seront amenés à rouvrir un compte généreront des frais bancaires et des commissions qui bénéficieront à ces mêmes établissements auxquels ils voulaient donner une leçon. Même les queues devant les agences (s’il y en a) n’entameront guère leur image : déjà mises en cause d’un bout à l’autre du spectre politique après la crise, les banques ont le système avec elle et, pour percer ce blindage, il faut d’abord comprendre comment il fonctionne. Heureusement, il existe des failles.

Suite à notre article sur la « révolution Cantona », de nombreux conmmentateurs se sont plaints de ce que, ayant critiqué le principe et son inefficacité, nous n’avions rien proposé pour faire avancer le débat. Derrière ces réactions, un constat résumé par Manu avec clarté :

Il faut appeler bien un chat un chat : les banques mettent à genoux les peuples, et elles sont d’autant plus féroces maintenant qu’elles ont vu le couperet de près il y a peu.

La dépendance vis-à-vis du système bancaire n’est pas une abstraction, il s’agit d’un principe bien concret qui se décline en plusieurs aspects :

  • mobilisation des dépôts pour garantir des crédits et des opérations financières (dont la nature est laissée à discrétion) ;
  • rémunération des divers opérations bancaires (retraits, création de compte, versement, etc.) ;
  • contraintes liées aux divers formes de crédit ;
  • conséquences des spéculations sur les matières premières.

De fait, les banques sont des organisations qui, si elles ont pour vocation de « financer l’économie » (comme le répétait à volonté Christine Lagarde pour justifier les plans de relance), restent des entreprises avec des objectifs de rentabilité, des stratégies et des « techniques ». A ce titre, elles ne sont « au service de leurs clients » que dans la mesure où ces derniers restent solvables : en dehors de la Banque de France (qui n’est pas une banque de détail), ni la BNP, ni la Société générale, ni aucune banque commerciale n’a de mission de service public ! Or, pour chacun de ces aspects de la dépendance aux banques, il existe des solutions (plus ou moins faciles) pour ceux qui souhaitent, faute de forcer le système à se réformer, au moins réduire leurs liens avec leur banque.

Contre le mésusage de vos dépôts, choisir une banque éthique

Une récente étude du cabinet Utopies révélait une statistique impressionnante : pour 1000€ déposés dans l’un des grands réseaux français, une tonne de CO² était produite du fait des placements ! A côté de ces « placements toxiques » au sens propre du terme, la crise des subprimes a révélé que la quasi totalité des banques de détail ayant des activités sur les marchés jonglaient avec de la dynamite pour garantir leur rentabilité.

Or, à côté des grands réseaux existe l’alternative des « banques éthiques », comme le soulignait Petit Poisson dans son commentaire : plus modestes, elles ne misent pas sur des valeurs spéculatives soit par engagement (comme le Crédit coopératif ou la Nef qui n’investissent que dans des prêts à des projets écologiques ou liés à l’économie sociale et solidaire), ou du fait de la loi (la Banque postale a ainsi l’interdiction de placer de l’argent dans des entreprises)… Faisant suite à l’appel de Cantona, le collectif Sauvons les Riches a ainsi lancé avec l’eurodéputé Verts Pascal Canfin l’initiative Je Change de Banque qui, accompagnée d’un site, donne les informations nécessaires pour quitter un grand réseau et rejoindre une banque responsable.

Pour ne plus financer les banques par les frais, opter pour les monnaies libres

En plus des frais de gestion des comptes, le « stockage », comme le retrait par carte bancaire et autres opérations sont l’occasion de frais qui sont crédités aux résultats des banques et utilisés pour garantir leur solvabilité et donc leur capacité à miser sur les marchés financiers. Pour éviter ces frais, certaines associations et villes ont pris le problème à la base en créant leurs propres monnaies !

Cinq billets de monnaies libres (Abeilles et Chimgauer) et un intrus.

Comme rapporté dans l’enquête de Claire Cousin parue dans Le Monde Magazine en date du 4 décembre, la ville de Villeneuve-sur-Lot a adopté une devise alternative : l’abeille, monnaie convertible, utilisable auprès des commerçants et de certaines entreprises et associations de la région. Pour éviter qu’elle soit stockée comme de vulgaires euros, elle perd régulièrement de sa valeur, encourageant ses usagers à l’utiliser. La conversion elle-même est facturée 2%. A ceci près que les frais de change et les « ponctions sur la valeur » sont réinvestis dans des projets sociaux utiles à la collectivité, plutôt que de servir à alimenter l’économie spéculative. Loin d’être utopique, plus de 4000 de ces systèmes ont vu le jour à travers le monde, s’appuyant notamment sur le principe SEL (système d’échange local), lequel ne nécessite pour structure de départ qu’une association de loi 1901 !

Se priver de crédit… ou recréer la « banque du peuple » !

En 2004, un tiers des Français disposaient selon l’Insee d’un crédit immobilier, et tout autant d’un crédit à la consommation. Sur la tranche des 35-44 ans, le taux monte à 50%. En pratique, la « France des propriétaires » que Nicolas Sarkozy appelait de ses voeux, est une « France d’endettés » auprès des grands réseaux. Or, pour éviter cette dépendance, pas de secret : il faut sortir du système de crédit soit en achetant cash, soit en achetant moins. D’un point de vue strictement financier, l’utilisation des transports en commun (évitant l’achat d’une automobile) et la location (contournant la nécessité d’un prêt immobilier) écartent la majeure partie des besoins de crédit. L’étude de l’endettement des ménages de l’Insee prouve ainsi, que du fait des prix de l’habitat trop élevés à l’achat, les Parisiens contractent deux fois moins de prêts immobiliers que les habitants de communes rurales. Quant au taux d’endettement pour l’achat d’un véhicule, il n’est que de 5% contre près de 24% dans les communes rurales !

Une autre solution s’était fait jour au XIXe siècle sous le nom de « banque du peuple » : fondée par le philosophe Pierre-Joseph Proudhon, elle s’appuyait sur l’idée d’une banque « propriété de tous les citoyens qui en accepterait le service », sans intérêt à percevoir pour ses avances, ni commissions… Ses seuls frais se limitant à la gestion, réalisant une utopie formulée en cinq mots par son fondateur : « le crédit était donc gratuit ! » Parti d’un taux d’intérêt à 2%, le projet était de le ramener sous 0,5% le tout sans user de dépôt métallique mais seulement de « bons de consommation »… Un projet qui sombra malgré le ralliement de 13000 personnes, mais qui, en se montrant précurseur des monnaies libres et du microcrédit, n’en demeure pas moins une base de réflexion pour des projets d’organismes financiers « alternatifs ».

Couler une banque d’affaire avec une pièce d’argent : c’est possible !

Depuis maintenant plusieurs mois, la banque d’affaire JP Morgan spécule sur l’argent comme jamais une banque n’a spéculé : ce géant de la finance a acheté sur les marchés des milliers de tonnes du métal précieux… sans avoir eu besoin de signer un seul chèque ! Sur les marchés, c’est ce qu’on appelle une « opération nue », c’est à dire un achat pour lequel on ne paie rien. Malgré cela, JP Morgan détient « virtuellement » une part non négligeable de l’argent en circulation sur les marchés et espère bien en tirer des bénéfices. A moins que le réel ne vienne lui mettre une gifle historique.

Une pièce d'argent pour se payer la faillite du géant JP Morgan.

Combien cela coute-t-il de couler JP Morgan ? Une pièce d’argent, pas plus. La solution, c’est un ancien de Lehmann Brothers, Mike Krieger, qui l’a trouvée : pour forcer la banque d’affaire à payer en dollars sonnants et trébuchants l’argent qu’elle mobilise sans en avoir les moyens, il suffit à un certain nombre de clients (10 millions d’Américains suffiraient, selon les calculs de Krieger) d’acheter une vraie pièce d’argent (un investissement de moins de 50$) pour en faire exploser le cours, obligeant JP Morgan à payer en vrais dollars ses montagnes de titres de propriété ! En sortant ainsi de leur rôle de « mouton de marché » (surnom donné aux actionnaires qui achètent ce qu’on leur dit d’acheter), chaque client dispose ainsi du moyen de retourner le système en forçant la finance virtuelle à payer… pour la finance réelle !

Ce ne sont ici qu’une poignée de solutions pour se saisir individuellement de son petit levier dans la finance. Dans les semaines à venir, OWNIpolitics explorera les idées neuves ou idées perdues qui montrent d’autres façons d’envisager l’argent, le crédit et la valeur en général dans nos sociétés. La suite du débat, c’est à vous de l’écrire.

Photo FlickR CC T.O.M.F. ; Nan’R ; xtof ; mksavage.

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Quatre alternatives au Bank Run de Cantona http://owni.fr/2010/12/06/quatre-alternatives-au-bank-run-de-cantona/ http://owni.fr/2010/12/06/quatre-alternatives-au-bank-run-de-cantona/#comments Mon, 06 Dec 2010 18:34:55 +0000 Sylvain Lapoix http://owni.fr/?p=37346 Mardi 7 octobre, que des centaines ou des milliers de Français aillent clôturer leur compte ou simplement en retirer le maximum de cash autorisé, les banques ne trembleront pas. Si l’initiative lancée par Eric Cantona a donné l’illusion sympathique qu’il suffisait de s’armer de sa carte bleue pour entamer les fondations du système bancaire, elle n’aura aucun effet, sinon, peut-être celui de priver une poignée d’épargnants de leur capacité à recevoir des virements, ainsi qu’un nombre considérable d’autres désagréments qu’avaient énuméré nos collègues de rue89.

Pire : les « bank runners » qui seront amenés à rouvrir un compte généreront des frais bancaires et des commissions qui bénéficieront à ces mêmes établissements auxquels ils voulaient donner une leçon. Même les queues devant les agences (s’il y en a) n’entameront guère leur image : déjà mises en cause d’un bout à l’autre du spectre politique après la crise, les banques ont le système avec elle et, pour percer ce blindage, il faut d’abord comprendre comment il fonctionne. Heureusement, il existe des failles.

Suite à notre article sur la « révolution Cantona », de nombreux conmmentateurs se sont plaints de ce que, ayant critiqué le principe et son inefficacité, nous n’avions rien proposé pour faire avancer le débat. Derrière ces réactions, un constat résumé par Manu avec clarté :

Il faut appeler bien un chat un chat : les banques mettent à genoux les peuples, et elles sont d’autant plus féroces maintenant qu’elles ont vu le couperet de près il y a peu.

La dépendance vis-à-vis du système bancaire n’est pas une abstraction, il s’agit d’un principe bien concret qui se décline en plusieurs aspects :

  • mobilisation des dépôts pour garantir des crédits et des opérations financières (dont la nature est laissée à discrétion) ;
  • rémunération des divers opérations bancaires (retraits, création de compte, versement, etc.) ;
  • contraintes liées aux divers formes de crédit ;
  • conséquences des spéculations sur les matières premières.

De fait, les banques sont des organisations qui, si elles ont pour vocation de « financer l’économie » (comme le répétait à volonté Christine Lagarde pour justifier les plans de relance), restent des entreprises avec des objectifs de rentabilité, des stratégies et des « techniques ». A ce titre, elles ne sont « au service de leurs clients » que dans la mesure où ces derniers restent solvables : en dehors de la Banque de France (qui n’est pas une banque de détail), ni la BNP, ni la Société générale, ni aucune banque commerciale n’a de mission de service public ! Or, pour chacun de ces aspects de la dépendance aux banques, il existe des solutions (plus ou moins faciles) pour ceux qui souhaitent, faute de forcer le système à se réformer, au moins réduire leurs liens avec leur banque.

Contre le mésusage de vos dépôts, choisir une banque éthique

Une récente étude du cabinet Utopies révélait une statistique impressionnante : pour 1000€ déposés dans l’un des grands réseaux français, une tonne de CO² était produite du fait des placements ! A côté de ces « placements toxiques » au sens propre du terme, la crise des subprimes a révélé que la quasi totalité des banques de détail ayant des activités sur les marchés jonglaient avec de la dynamite pour garantir leur rentabilité.

Or, à côté des grands réseaux existe l’alternative des « banques éthiques », comme le soulignait Petit Poisson dans son commentaire : plus modestes, elles ne misent pas sur des valeurs spéculatives soit par engagement (comme le Crédit coopératif ou la Nef qui n’investissent que dans des prêts à des projets écologiques ou liés à l’économie sociale et solidaire), ou du fait de la loi (la Banque postale a ainsi l’interdiction de placer de l’argent dans des entreprises)… Faisant suite à l’appel de Cantona, le collectif Sauvons les Riches a ainsi lancé avec l’eurodéputé Verts Pascal Canfin l’initiative Je Change de Banque qui, accompagnée d’un site, donne les informations nécessaires pour quitter un grand réseau et rejoindre une banque responsable.

Pour ne plus financer les banques par les frais, opter pour les monnaies libres

En plus des frais de gestion des comptes, le « stockage », comme le retrait par carte bancaire et autres opérations sont l’occasion de frais qui sont crédités aux résultats des banques et utilisés pour garantir leur solvabilité et donc leur capacité à miser sur les marchés financiers. Pour éviter ces frais, certaines associations et villes ont pris le problème à la base en créant leurs propres monnaies !

Cinq billets de monnaies libres (Abeilles et Chimgauer) et un intrus.

Comme rapporté dans l’enquête de Claire Cousin parue dans Le Monde Magazine en date du 4 décembre, la ville de Villeneuve-sur-Lot a adopté une devise alternative : l’abeille, monnaie convertible, utilisable auprès des commerçants et de certaines entreprises et associations de la région. Pour éviter qu’elle soit stockée comme de vulgaires euros, elle perd régulièrement de sa valeur, encourageant ses usagers à l’utiliser. La conversion elle-même est facturée 2%. A ceci près que les frais de change et les « ponctions sur la valeur » sont réinvestis dans des projets sociaux utiles à la collectivité, plutôt que de servir à alimenter l’économie spéculative. Loin d’être utopique, plus de 4000 de ces systèmes ont vu le jour à travers le monde, s’appuyant notamment sur le principe SEL (système d’échange local), lequel ne nécessite pour structure de départ qu’une association de loi 1901 !

Se priver de crédit… ou recréer la « banque du peuple » !

En 2004, un tiers des Français disposaient selon l’Insee d’un crédit immobilier, et tout autant d’un crédit à la consommation. Sur la tranche des 35-44 ans, le taux monte à 50%. En pratique, la « France des propriétaires » que Nicolas Sarkozy appelait de ses voeux, est une « France d’endettés » auprès des grands réseaux. Or, pour éviter cette dépendance, pas de secret : il faut sortir du système de crédit soit en achetant cash, soit en achetant moins. D’un point de vue strictement financier, l’utilisation des transports en commun (évitant l’achat d’une automobile) et la location (contournant la nécessité d’un prêt immobilier) écartent la majeure partie des besoins de crédit. L’étude de l’endettement des ménages de l’Insee prouve ainsi, que du fait des prix de l’habitat trop élevés à l’achat, les Parisiens contractent deux fois moins de prêts immobiliers que les habitants de communes rurales. Quant au taux d’endettement pour l’achat d’un véhicule, il n’est que de 5% contre près de 24% dans les communes rurales !

Une autre solution s’était fait jour au XIXe siècle sous le nom de « banque du peuple » : fondée par le philosophe Pierre-Joseph Proudhon, elle s’appuyait sur l’idée d’une banque « propriété de tous les citoyens qui en accepterait le service », sans intérêt à percevoir pour ses avances, ni commissions… Ses seuls frais se limitant à la gestion, réalisant une utopie formulée en cinq mots par son fondateur : « le crédit était donc gratuit ! » Parti d’un taux d’intérêt à 2%, le projet était de le ramener sous 0,5% le tout sans user de dépôt métallique mais seulement de « bons de consommation »… Un projet qui sombra malgré le ralliement de 13000 personnes, mais qui, en se montrant précurseur des monnaies libres et du microcrédit, n’en demeure pas moins une base de réflexion pour des projets d’organismes financiers « alternatifs ».

Couler une banque d’affaire avec une pièce d’argent : c’est possible !

Depuis maintenant plusieurs mois, la banque d’affaire JP Morgan spécule sur l’argent comme jamais une banque n’a spéculé : ce géant de la finance a acheté sur les marchés des milliers de tonnes du métal précieux… sans avoir eu besoin de signer un seul chèque ! Sur les marchés, c’est ce qu’on appelle une « opération nue », c’est à dire un achat pour lequel on ne paie rien. Malgré cela, JP Morgan détient « virtuellement » une part non négligeable de l’argent en circulation sur les marchés et espère bien en tirer des bénéfices. A moins que le réel ne vienne lui mettre une gifle historique.

Une pièce d'argent pour se payer la faillite du géant JP Morgan.

Combien cela coute-t-il de couler JP Morgan ? Une pièce d’argent, pas plus. La solution, c’est un ancien de Lehmann Brothers, Mike Krieger, qui l’a trouvée : pour forcer la banque d’affaire à payer en dollars sonnants et trébuchants l’argent qu’elle mobilise sans en avoir les moyens, il suffit à un certain nombre de clients (10 millions d’Américains suffiraient, selon les calculs de Krieger) d’acheter une vraie pièce d’argent (un investissement de moins de 50$) pour en faire exploser le cours, obligeant JP Morgan à payer en vrais dollars ses montagnes de titres de propriété ! En sortant ainsi de leur rôle de « mouton de marché » (surnom donné aux actionnaires qui achètent ce qu’on leur dit d’acheter), chaque client dispose ainsi du moyen de retourner le système en forçant la finance virtuelle à payer… pour la finance réelle !

Ce ne sont ici qu’une poignée de solutions pour se saisir individuellement de son petit levier dans la finance. Dans les semaines à venir, OWNIpolitics explorera les idées neuves ou idées perdues qui montrent d’autres façons d’envisager l’argent, le crédit et la valeur en général dans nos sociétés. La suite du débat, c’est à vous de l’écrire.

Photo FlickR CC T.O.M.F. ; Nan’R ; xtof ; mksavage.

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http://owni.fr/2010/12/06/quatre-alternatives-au-bank-run-de-cantona/feed/ 22
Et si on donnait à l’argent une odeur de sainteté ? http://owni.fr/2010/12/03/definir-dautres-valeurs-avec-des-monnaies-libres/ http://owni.fr/2010/12/03/definir-dautres-valeurs-avec-des-monnaies-libres/#comments Fri, 03 Dec 2010 11:39:38 +0000 Admin http://owni.fr/?p=37877

Billet publié initialement sur OWNIpolitics sous le titre : Les monnaies sociales: et si on arrachait aux banques le privilège de la monnaie ?

La croissance du PIB reflète-elle le bien-être de notre société ? Notre richesse se mesure-t-elle à notre compte en banque ? Fin 2009, une amie nous prête le livre de Patrick Viveret, « Reconsidérer la Richesse », sa Bible nous dit-elle, elle deviendra aussi la notre…

Patrick Viveret critique le PIB, expliquant que cet indicateur est complètement inadapté aux grandes questions sociales et écologiques, voire qu’il est même contreproductif ! Même si la plupart de nos responsables ne se fient qu’à sa croissance, le PIB n’est pas vraiment la meilleure boussole ! Il se moque de la nature et de l’impact des activités qu’il additionne pourvu que celles-ci génèrent des flux monétaires. Il comptabilise positivement toutes les destructions. Aussi aberrant que cela puisse paraître, les catastrophes comme la vache folle, l’Erika ou encore les accidents de la route sont alors de vraies bénédictions pour notre Produit Intérieur Brut !

Une unité de mesure devenu objet de spéculation

Patrick Viveret poursuit sa critique avec le système monétaire.

L’argent est le nerf de la guerre, il régit notre monde! Or le droit de créer de la monnaie a été transféré aux banques à travers l’émission de crédits, sans véritable débat démocratique. Pourquoi une communauté ne pourrait-elle pas produire elle-même l’argent dont elle a besoin ? Après tout, la monnaie n’est qu’un moyen de paiement scellant un « accord » entre 2 parties. C’est une unité de compte qui ne devrait pas avoir de valeur en soi.

Comme les mètres ou les kilos, la monnaie est un étalon qui permet d’additionner des éléments hétérogènes et ainsi multiplier les échanges. Mais au lieu d’être un simple moyen au service de la création de richesses, la monnaie est devenue un bien, un bien privé qui a lui-même de la valeur, objet de compétition, de spéculation, de thésaurisation. Et c’est ainsi qu’on finit par penser que la richesse se mesure à son compte en banque….

Parmi les solutions proposées par Patrick Viveret, les monnaies sociales ! Pour la première fois, nous découvrons cette expression originale qui associe deux termes à priori assez antinomiques.

Les monnaies sociales : point de départ d’une économie de partage

Elles désignent un ensemble de dispositifs d’échange de biens, de services ou de savoirs organisés par et pour de petites communautés au moyen d’une organisation monétaire ad-hoc, une monnaie propre à une communauté.

En d’autres mots, il s’agit d’échanger sans argent conventionnel mais avec une monnaie propre à la communauté. Créer une économie complémentaire, basée sur l’autogestion, le partage et la coopération. C‘est un peu comme du troc, mais en beaucoup mieux.  Avec le troc, si X veut acquérir un DVD auprès de Y, il faut que X ait quelque chose à offrir, d’une valeur équivalente, et qui intéresse Y. Sinon, l’échange ne peut avoir lieu. En créant une monnaie ad hoc, j’échange avec un membre auquel je transmets des unités de compte qu’il pourra utiliser, quand il voudra, pour acquérir ce qu’il aura choisi dans un autre échange.

Les monnaies sociales sont parfois perçues comme une innovation modeste de troc « amélioré ». Nous pensons qu’elles sont un fantastique vecteur de transformation de la société.
Les monnaies sociales permettent de :

  • Transformer la nature des échanges, en récréant le lien social, ciment essentiel d’une communauté.
  • Relocaliser l’économie en développant des sphères locales de production et d’échange de biens et services. La monnaie, n’ayant de valeur qu’au sein d’une certaine communauté, ne fuit pas à l’extérieur.
  • Lutter contre la pauvreté, en fournissant des moyens supplémentaires d’acquisition de biens, capables de multiplier par deux, et parfois par cinq ou dix, le revenu moyen d’une famille.
  • Lutter contre l’exclusion, en insérant les personnes sans emploi dans une logique d’échange mettant en valeur leurs capacités contributives et leur redonnant confiance et espoir.
  • Préserver l’environnement, en privilégiant production et consommation locales, et en valorisant les produits d’occasion.

Les monnaies sociales nous apparaissent comme un levier de transformation incontournable pour favoriser un développement soutenable. Convaincus à 200% par ce formidable outil, nous décidons de quitter nos emplois respectifs et notre vie parisienne pour consacrer nos prochaines années au développement et à la promotion de ces monnaies complémentaires !

Et l’aventure commence …

Dans les mois à venir, les trois trentenaires à l’origine de l’association Taoa (pour There are another alternative, contradiction du slogan néolibéral définitif Tina de Margaret Thatcher) ont pour projet de parcourir plusieurs pays d’Amérique Latine pour y explorer des initiatives de monnaies alternatives : sucre, circuit de troc, etc. Curieux de toutes les initiatives de changement de société, OWNIpolitics publiera (grâce à l’aimable autorisation de l’association) les comptes-rendus de ces explorations monétaires au fil des mois.

Compilation de deux billets initialement publiés sur le site de l’association There are another alternative (Taoa) sous les titres « Reconsidérer la richesse », comment un livre a changé nos vies … et Les monnaies sociales en quelques mots.


Photo : FlickR CC Donovan ; Bill Jacobus.

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http://owni.fr/2010/12/03/definir-dautres-valeurs-avec-des-monnaies-libres/feed/ 8
Les monnaies sociales: et si on arrachait aux banques le privilège de la monnaie ? http://owni.fr/2010/12/03/les-monnaies-sociales-et-si-on-arrachait-aux-banques-le-privilege-de-la-monnaie/ http://owni.fr/2010/12/03/les-monnaies-sociales-et-si-on-arrachait-aux-banques-le-privilege-de-la-monnaie/#comments Fri, 03 Dec 2010 07:43:51 +0000 TAOA (There are other alternatives) http://owni.fr/?p=37321 La croissance du PIB reflète-elle le bien-être de notre société ? Notre richesse se mesure-t-elle à notre compte en banque ? Fin 2009, une amie nous prête le livre de Patrick Viveret, « Reconsidérer la Richesse », sa bible nous dit-elle, elle deviendra aussi la notre…

Patrick Viveret critique le PIB, expliquant que cet indicateur est complètement inadapté aux grandes questions sociales et écologiques, voire qu’il est même contreproductif ! Même si la plupart de nos responsables ne se fient qu’à sa croissance, le PIB n’est pas vraiment la meilleure boussole ! Il se moque de la nature et de l’impact des activités qu’il additionne pourvu que celles-ci génèrent des flux monétaires. Il comptabilise positivement toutes les destructions. Aussi aberrant que cela puisse paraître, les catastrophes comme la vache folle, l’Erika ou encore les accidents de la route sont alors de vraies bénédictions pour notre Produit Intérieur Brut !

Une unité de mesure devenu objet de spéculation

Patrick Viveret poursuit sa critique avec le système monétaire.

L’argent est le nerf de la guerre, il régit notre monde ! Or le droit de créer de la monnaie a été transféré aux banques à travers l’émission de crédits, sans véritable débat démocratique. Pourquoi une communauté ne pourrait-elle pas produire elle-même l’argent dont elle a besoin ? Après tout, la monnaie n’est qu’un moyen de paiement scellant un « accord » entre 2 parties. C’est une unité de compte qui ne devrait pas avoir de valeur en soi.

Comme les mètres ou les kilos, la monnaie est un étalon qui permet d’additionner des éléments hétérogènes et ainsi multiplier les échanges. Mais au lieu d’être un simple moyen au service de la création de richesses, la monnaie est devenue un bien, un bien privé qui a lui-même de la valeur, objet de compétition, de spéculation, de thésaurisation. Et c’est ainsi qu’on finit par penser que la richesse se mesure à son compte en banque….

Parmi les solutions proposées par Patrick Viveret, les monnaies sociales ! Pour la première fois, nous découvrons cette expression originale qui associe deux termes à priori assez antinomiques.

Les monnaies sociales : point de départ d’une économie de partage

Elles désignent un ensemble de dispositifs d’échange de biens, de services ou de savoirs organisés par et pour de petites communautés au moyen d’une organisation monétaire ad-hoc, une monnaie propre à une communauté.

En d’autres mots, il s’agit d’échanger sans argent conventionnel mais avec une monnaie propre à la communauté. Créer une économie complémentaire, basée sur l’autogestion, le partage et la coopération. C‘est un peu comme du troc, mais en beaucoup mieux.  Avec le troc, si X veut acquérir un DVD auprès de Y, il faut que X ait quelque chose à offrir, d’une valeur équivalente, et qui intéresse Y. Sinon, l’échange ne peut avoir lieu. En créant une monnaie ad hoc, j’échange avec un membre auquel je transmets des unités de compte qu’il pourra utiliser, quand il voudra, pour acquérir ce qu’il aura choisi dans un autre échange.

Les monnaies sociales sont parfois perçues comme une innovation modeste de troc « amélioré ». Nous pensons qu’elles sont un fantastique vecteur de transformation de la société.
Les monnaies sociales permettent de :

  • Transformer la nature des échanges, en récréant le lien social, ciment essentiel d’une communauté.
  • Relocaliser l’économie en développant des sphères locales de production et d’échange de biens et services. La monnaie, n’ayant de valeur qu’au sein d’une certaine communauté, ne fuit pas à l’extérieur.
  • Lutter contre la pauvreté, en fournissant des moyens supplémentaires d’acquisition de biens, capables de multiplier par deux, et parfois par cinq ou dix, le revenu moyen d’une famille.
  • Lutter contre l’exclusion, en insérant les personnes sans emploi dans une logique d’échange mettant en valeur leurs capacités contributives et leur redonnant confiance et espoir.
  • Préserver l’environnement, en privilégiant production et consommation locales, et en valorisant les produits d’occasion.

Les monnaies sociales nous apparaissent comme un levier de transformation incontournable pour favoriser un développement soutenable. Convaincus à 200% par ce formidable outil, nous décidons de quitter nos emplois respectifs et notre vie parisienne pour consacrer nos prochaines années au développement et à la promotion de ces monnaies complémentaires !

Et l’aventure commence …

Dans les mois à venir, les trois trentenaires à l’origine de l’association Taoa (pour There are another alternative, contradiction du slogan néolibéral définitif Tina de Margaret Thatcher) ont pour projet de parcourir plusieurs pays d’Amérique Latine pour y explorer des initiatives de monnaies alternatives : sucre, circuit de troc, etc. Curieux de toutes les initiatives de changement de société, OWNIpolitics publiera (grâce à l’aimable autorisation de l’association) les comptes-rendus de ces explorations monétaires au fil des mois.

Compilation de deux billets initialement publiés sur le site de l’association There are another alternative (Taoa) sous les titres « Reconsidérer la richesse », comment un livre a changé nos vies … et Les monnaies sociales en quelques mots.

Photo : FlickR CC Donovan ; Bill Jacobus.

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