OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 [ebook] L’encombrant cadavre de la République http://owni.fr/2011/06/24/affaire-boulin-chirac-sarkozy-ollier-gueant-encombrant-cadavre/ http://owni.fr/2011/06/24/affaire-boulin-chirac-sarkozy-ollier-gueant-encombrant-cadavre/#comments Fri, 24 Jun 2011 10:30:17 +0000 David Servenay http://owni.fr/?p=71584 Pour la famille Boulin, c’est une course contre la montre qui dure depuis 31 ans. Pour la droite, c’est un fantôme qui hante les couloirs et les mémoires des anciens du Rassemblement pour la République (RPR). Pour la justice, c’est un suicide.

Le 30 octobre 1979, à 8h40 du matin, une patrouille de gendarmes motocyclistes découvre le corps sans vie de Robert Boulin, flottant dans l’étang Rompu, en pleine forêt de Rambouillet. Le ministre du Travail et de la participation est “dans la position de prière du Mahométan” précise le PV de constatation, dans 50 centimètres d’eau.

Noyé, ajoute l’Agence France Presse, dont la première dépêche tombe à 9h34, évoquant d’emblée la piste du suicide comme étant la plus vraisemblable. Dans l’après-midi, l’AFP avance comme plausible la prise de barbituriques… pour expliquer la mort du ministre. Alors même que le corps est encore entre les mains des légistes de l’Institut médico-légal (IML) de Paris.

Trente ans plus tard, que sait-on de l’affaire Boulin ? Depuis 1992, la justice a prononcé un non-lieu dans l’information judiciaire ouverte pour “homicide”. L’enquête a duré huit ans. A partir des années 2000, la presse qui -à de rares exceptions près- est restée très timorée mène de longues contre-enquêtes très fructueuses.

Deux ministres du gouvernement en savent beaucoup

Les journalistes parviennent à démontrer que le « suicide était un crime » pour reprendre le titre d’un documentaire de Canal+. Non seulement ils livrent des incohérences majeures dans l’enquête conduite par les policiers du SRPJ de Versailles, mais ils démontrent aussi que les plus hautes autorités de l’État étaient au courant de la mort de Robert Boulin bien avant que celui-ci ne soit retrouvé dans les eaux de l’étang Rompu (voir l’extrait de notre enquête).

OWNI apporte aujourd’hui sa pierre à l’édifice en racontant comment deux actuels ministres du gouvernement sont liés à cette affaire. Le premier (Claude Guéant, alors en poste au cabinet du ministre de l’Intérieur comme conseiller pour les affaires de sécurité) a très vite su que la version officielle n’était pas la véritable histoire racontée par les autorités. Le second (Patrick Ollier, alors conseiller du ministre de la Justice) a participé à l’opération d’intoxication montée après la mort de Boulin.

Dans ce récit, Francis Christophe (l’un des journalistes qui suit l’affaire depuis ses débuts) relate point par point les failles de la “légende” Boulin ou comment la classe politique, aidée par l’appareil judiciaire, est parvenue à étouffer le plus gros scandale de la Ve République : la liquidation d’un ministre en exercice. Pour lire la suite de ces bonnes feuilles, rendez-vous sur l’OWNI shop.

Extrait

Début 2007, le journaliste Benoît Collombat publie Un homme à abattre, contre-enquête sur la mort de Robert Boulin (édition Fayard), où il révèle un fait majeur, un véritable scoop.

Alors qu’il était gravé dans le marbre depuis 1979 que le corps du ministre avait été découvert par une patrouille de gendarmes motocyclistes à 8 h 40, l’enquête du journaliste révèle que le cadavre de Boulin a été découvert une première fois vers une heure du matin. Il établit que le Premier ministre, Raymond Barre, son directeur de cabinet Philippe Mestre, le ministre de l’Intérieur Christian Bonnet, son directeur de cabinet Jean Paolini, le permanencier chargé de la sécurité et le procureur général de Versailles, Louis-Bruno Chalret, en ont été avertis dans l’heure. Entre 1 heure et 2 heures du matin, toute la tête de l’État apprend la nouvelle de la mort de Robert Boulin.

En février 2007 paraissent les mémoires de Raymond Barre, où l’ancien Premier ministre confirme ce qu’il avait confié à Benoît Collombat :

Dans la nuit du 29 au 30 octobre, vers 3 heures du matin, un coup de téléphone m’apprend qu’on vient de trouver le corps de Robert Boulin, qui s’est suicidé.

Le 25 août 2007, Raymond Barre meurt à Paris.

Le 16 octobre 2007, le procureur général de Paris, Laurent Le Mesle refuse la réouverture de l’instruction pour homicide. Pour se justifier, ce haut magistrat réfute l’heure de la découverte du corps de Boulin. Pour cela, il recourt à une méthode éprouvée : considérer les témoignages des morts comme faux et/ou relevant du gâtisme tout en s’abstenant d’entendre les vivants qui les confirment.

M. Le Mesle a été saisi de la requête de Fabienne Boulin en avril 2007, mais – hasard ou coïncidence ? – il attend la mort de Raymond Barre pour rendre sa décision.

Le décalage d’au moins cinq heures entre la première découverte du corps, dont est informé le Premier ministre, et l’heure de la découverte officielle, est capital. Il prouve que les plus hautes autorités de l’état connaissaient la mort de Robert Boulin avant que les gendarmes ne retrouvent le corps.

Une préscience qui justifie à elle seule l’ouverture d’une nouvelle enquête. Mais Laurent Le Mesle s’y oppose avec un argument incroyable : Barre se trompe, il aurait confondu l’heure du lancement des recherches et l’heure de la découverte du corps. Ce qui est une contre-vérité grossière, car l’alerte aux services de gendarmerie est fixée (sur procès-verbal) à 6h30.

Cette grossière tentative de réécriture de l’histoire s’appuie sur le choix très particulier des témoins. Le magistrat du parquet a décidé de ne tenir compte que du seul témoignage de Philippe Mestre, alors directeur de cabinet de Raymond Barre et candidat au poste de directeur du SDECE, les services secrets extérieurs. Ce farouche gardien de la raison d’État a depuis le premier jour milité avec acharnement pour que jamais la version officielle du suicide ne soit remise en cause, n’hésitant pas à qualifier de mensonge le témoignage du propre directeur de cabinet de Boulin, Yann Gaillard, qui, lui aussi, affirme avoir appris la découverte du corps du ministre… de Mestre en personne, vers 2 heures dans la nuit du 29 au 30 octobre. Le procureur général s’est abstenu aussi d’interroger Christian Bonnet, alors ministre de l’Intérieur, qui, lui aussi, affirme avoir été réveillé entre 2 heures et 3 heures dans la nuit du 30 octobre 1979, pour le même motif que Raymond

Barre : “on” avait découvert le cadavre de Boulin. Qui est ce “on” ? Un mystère de plus, jamais élucidé par l’enquête.

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Karachi: La colère de Chirac contre François Léotard http://owni.fr/2011/02/10/karachi-la-colere-de-chirac-contre-francois-leotard/ http://owni.fr/2011/02/10/karachi-la-colere-de-chirac-contre-francois-leotard/#comments Thu, 10 Feb 2011 11:35:36 +0000 Jean Guisnel http://owni.fr/?p=45854 Jean Guisnel est journaliste au Point, où il suit les questions de défense et de nouvelles technologies. Il publie aux éditions La Découverte une enquête intitulée Armes de corruption massive, secrets et combines des marchands de canon. OWNI l’a interviewé et publie trois extraits de son nouveau livre. Retrouvez également comment la France a, en 2007, échangé les infirmières bulgares contre des missiles à la Libye et les mésaventures américaines du Rafale au Maroc.

L’affaire Karachi occupe un long chapitre de l’ouvrage de Jean Guisnel. Présent dans la ville pakistanaise avec la nouvelle ministre de la Défense, Michèle Alliot-Marie, au lendemain de l’attentat à la voiture piégée qui a fait 14 morts le 8 mai 2002, le journaliste détaille les différentes hypothèses susceptibles d’expliquer les raisons de cet acte. Sans trancher de manière définitive (il ne croit pas au lien entre l’arrêt du versement des commissions et l’attentat), il revient sur le ballet des intermédiaires qui a entouré le contrat Agosta (vente de trois sous-marins au Pakistan), mais aussi les contrats Sawari 2 et d’autres, moins connus.

Où se révèle le rôle de premier plan joué par François Léotard (Parti Républicain) alors ministre de la Défense, soupçonné d’avoir ainsi favorisé le financement de la campagne électorale d’Edouard Balladur en 1995.  Extrait.

L’activisme du ministre de la Défense François Léotard

Nous pouvons être un peu plus précis : en 1995, la colère chiraquienne contre François Léotard et les éventuels « retours de commissions » qui auraient été organisés par ses soins au profit d’Édouard Balladur, concerne au moins trois contrats, celui des sous-marins pakistanais n’étant que le premier.

Le deuxième est l’achat par la France de drones (petits avions d’espionnage télécommandés) de type RQ-5 Hunter auprès d’Israel Aircraft Industries (IAI). François Léotard s’était en effet personnellement et très fortement impliqué dans cette affaire, au grand dam de plusieurs industriels nationaux, dont Sagem, qui estimaient disposer d’un matériel répondant tout aussi bien aux besoins de l’armée française . Les drones Hunter étaient destinés à la toute nouvelle Direction du renseignement militaire (DRM), mais celle-ci se montrera pour le moins réticente en raison des très médiocres qualités de l’engin. Quatre appareils seront finalement acquis, par l’entremise d’un agent à la fois bien introduit en Israël et très en vue sur la place de Paris, où il exerce alors le noble métier d’éditeur. Les drones arriveront en France en 1999, sans jamais quitter leur affectation au Centre d’expériences aériennes militaires (CEAM) de Mont-de-Marsan, sinon pour effectuer quelques missions au-dessus du Kosovo, en 1999, et lors du G7 d’Évian en 2003.

Curieusement, au moment même où la France procédait à l’acquisition de ces engins israéliens, la société Sagem vendait des drones SDTI (Système de drone tactique intérimaire) aux Pays-Bas, sous la marque commerciale Sperwer. Une telle démarche, consistant à acheter des drones en Israël tout en exportant simultanément des engins de fabrication nationale, aux capacités certes différentes mais que les armées françaises n’avaient alors pas acquis, a beaucoup intrigué. Certaines sources militaires françaises évoquaient à l’époque des « intérêts commerciaux personnels de politiques » dans cette affaire. Sans plus de détails, comme souvent.

Le troisième dossier de ventes d’armes qui a fait naître les soupçons de Jacques Chirac et de son entourage est d’une tout autre ampleur. Il concerne la vente à l’Arabie saoudite, en novembre 1994, de deux grosses frégates de 3 550 tonnes de type F-3000-S, en fait des frégates La Fayette modifiées pour les besoins propres du royaume saoudien, construites à Lorient par la DCN, dans le cadre du contrat baptisé « Sawari 2 ». Il s’agissait déjà d’une vieille affaire, car ce contrat avait été signé une première fois en juin 1982. Il avait été principalement négocié par la Sofresa. Créée en 1974, nous l’avons vu, pour gérer les ventes d’armes de la France à l’Arabie saoudite, cette société est alors dirigée – depuis sa création – par l’ingénieur de l’armement Jean-Claude Sompairac. En 1992, ce dernier venait d’être reconduit pour trois ans à son poste et travaillait sans succès sur le contrat Sawari 2. Côté saoudien, où l’on souhaitait également relancer les discussions, le prince Sultan avait désigné en 1992 un intermédiaire à son goût, Ali Ben Mussalam.

Ce très riche commerçant d’origine yéménite est alors copropriétaire de l’hôtel Prince de Galles à Paris. Il commença par être associé à la remise en état de quatre frégates F-2000 (Madina, Hofouf, Haba et Taïf) et de deux pétroliers-ravitailleurs (Boraida et Yunbou) acquis auparavant dans le cadre du contrat Sawari 1 en octobre 1980, ces remises en état étant englobées dans le contrat « Mouette ». Celui-ci sera d’ailleurs un désastre économique pour la France : signé en février 1994 par François Léotard pour 3,1 milliards de francs, il avait déjà entraîné une perte de 1,2 milliard de francs en 1998, soit plus du tiers de sa valeur totale  ! Dans un rapport aux services des Douanes prétendant justifier le versement de commissions, les responsables de DCN avaient expliqué, selon Mediapart, que 600 millions de francs de commissions (soit plus de 19 % de la valeur du contrat) avaient été ainsi répartis à cette occasion : « 150 millions de francs pour le prince Fahd ben Abdallah, 240 millions de francs pour “SAR le prince Sultan” [ministre de la Défense], 210 millions de francs pour le “sheik Abusalem” [vraisemblablement Ali Ben Mussalam]. » Ce dernier connut un triste destin et mourut dans des circonstances inexpliquées au début des années 2000 à Genève, où son corps aurait été retrouvé flottant dans les eaux froides du lac Léman …

En 1992, Ali Ben Mussalam a beau être actif à Paris, il ne débloque rien du tout et le contrat de ces nouvelles frégates n’avance pas. Tout cela va changer ! Dès sa désignation au ministère de la Défense en mars 1993, l’une des premières décisions de François Léotard consiste à débarquer Jean-Claude Sompairac et à le remplacer par l’un de ses proches du Parti républicain (PR), Jacques Douffiagues. À l’époque, François Léotard et son plus proche conseiller politique, Renaud Donnedieu de Vabres, expliquent volontiers qu’il ne faut pas voir malice dans ce choix et que seul le souci de l’efficacité a été pris en considération. Efficacité ? Jacques Douffiagues, ancien maire d’Orléans, est magistrat de la Cour des comptes et fut ministre des Transports du gouvernement Chirac entre 1986 et 1988 : rien qui prédispose à un destin de marchand de canons. De surcroît, il déclare lui-même « être en survie depuis 1980  » après un grave infarctus survenu à l’âge de trente-neuf ans, qui lui vaudra d’être déclaré invalide à 100 %.

La vraie raison du choix de ce délégué général du Parti républicain, dès sa création en 1977, est évidemment sa longue intimité avec François Léotard. Car pour un poste aussi technique de gestionnaire de contrats d’armement sous étroit contrôle du politique, un fonctionnaire connaissant les arcanes du monde de l’armement aurait sans doute fait l’affaire. Toujours est-il que, dès sa nomination, Jacques Douffiagues part pour Riyad, afin d’y rencontrer le prince Sultan. C’est le premier rendez-vous d’un étrange ballet qui, dans les coulisses, va se mettre en place.

Dans un premier temps, Ali Ben Mussalam va se rapprocher pour cette affaire de deux associés, le très mondain Franco-Libanais Ziad Takieddine, qui fut le directeur de la station de ski Isola 2000, et le Syrien Abdul Rahman El-Assir, qui fut un temps le beau-frère du bien connu Adnan Khashoggi. Très vite, les réunions se multiplient. Le 23 décembre 1993, Ali Ben Mussalam rencontre François Léotard – première de dix rencontres successives – et les deux hommes organisent le voyage d’Édouard Balladur à Riyad, qui doit être l’occasion de la signature du contrat. Ce déplacement aura bien lieu en janvier 1994, mais sans signature à la clé, pour le plus grand déplaisir du Premier ministre… Par la suite, le conseiller politique de François Léotard, Renaud Donnedieu de Vabres, se rendra lui aussi à plusieurs reprises en Arabie saoudite, parfois dans l’avion personnel d’Ali Ben Mussalam. Étonnamment, ces rencontres se poursuivront bien après la signature du contrat des deux frégates saoudiennes , enfin intervenue le 19 novembre 1994 au Maroc, François Léotard et le prince Sultan ben Abdelaziz tenant la plume.


Extrait de l’ouvrage Armes de corruption massive, secrets et combines des marchands de canons, éditions La Découverte, 391 pages, 22 €.

>> Illustrations CC FlickR : poncнo☭penguιn , ZardozSpeaks

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Sur la soucoupe, on poutre du président http://owni.fr/2009/11/11/sur-la-soucoupe-on-poutre-du-president-chirac-cassette/ http://owni.fr/2009/11/11/sur-la-soucoupe-on-poutre-du-president-chirac-cassette/#comments Wed, 11 Nov 2009 16:29:52 +0000 Media Hacker http://owni.fr/?p=5364 Cliquer ici pour voir la vidéo.

C’est le 11 novembre, c’est l’armistice, la paix, l’amour entre les peuples, main dans la main et ronde autour du feu. Pour tout le monde ? Non, une soucoupe résiste encore à l’envahisseur et vous propose de poutrer ensemble du président. Comment ça celui-là n’est plus en poste ?
Lolons ensemble,

2012 qui se souvient de Jacques Chirac ?

Une superproduction signé Magne et Viard (d’autres vidéos ici, et sur l’owni)

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